L’Idylle éternelle/Sous bois

Paul Ollendorff, éditeur (p. 40-42).


SOUS BOIS


C’est un Théodore Rousseau
Ce sous bois où fuit une sente,
C’est une étude ravissante
Digne d’un magistral pinceau.
 
Les caprices de la feuillée
Sous les chauds baisers des rayons
S’illuminent d’explosions
De fantaisie ensoleillée.


Et pour faire un chemin bien frais
Aux délicates amoureuses
Les branches d’arbre langoureuses
Se courbent en arceaux discrets.

La fraîche mousse sur la terre
Forme un tapis denticulé,
Et comme un ruban déroulé
Le sentier fuit avec mystère.

Quelques méandres, et voici
Déjà le bout de la clairière,
Et le sentier s’enfuit derrière
Un rideau d’arbres épaissi.

Où va-t-il ? Est-ce lui qui mène
L’aventureux Prince charmant
Près de la Belle au bois dormant,
Dans le miraculeux domaine ?


Va-t-il dans le palais lointain,
Dans le palais des belles fées,
Dont, souvent, par folles bouffées,
Vibre clair le rire argentin ?

Mène-t-il au pays du rêve ?…
Oh ! ne pénétrons pas plus haut
Pour ne pas voir tout aussitôt
S’envoler l’illusion brève.