L’Idiot/Avertissement

Traduction par Victor Derély.
Plon (Tome 1p. i-11).


AVERTISSEMENT



On me pardonnera de revenir encore une fois à Dostoïevsky. À peine connu par quelques traductions, l’étrange écrivain a été exalté, puis dénigré outre mesure. Aujourd’hui seulement on pourra porter sur lui un jugement équitable et complet ; voici la pièce capitale du dossier, le livre tantôt profond, tantôt absurde, qui demeura toujours son œuvre de prédilection ; le romancier y a mis toute son âme trouble, tout son idéal maladif.

Devant la critique littéraire, l’Idiot ne soutient pas la comparaison avec Crime et Châtiment. Le début est alerte et habile, les principaux personnages nous sont familiers dès les premières pages ; mais bientôt un brouillard fantastique nous les dérobe ; ils se perdent au milieu d’innombrables figures qui viennent grimacer au premier plan. Ce livre n’a pas l’unité et l’intensité d’action de l’autre roman ; il ne nous montre pas, comme ce dernier, un drame moral où toutes les parties s’enchaînent et poussent le lecteur, haletant d’angoisse, vers une conclusion logique. Ce n’est pas aux lettrés que je le recommande, bien qu’en y regardant de près ils soient contraints d’admirer l’art prodigieux dépensé pour un assez maigre résultat ; ils se lasseront vite de ces intrigues bizarres, obscures, sans lien apparent, à moins qu’ils ne s’égayent aux dépens de ce Russe, naïf imitateur d’Eugène Sue dans la préparation de ses coups de théâtre. Par contre, je ne crois pas qu’il y ait une lecture plus passionnante pour le médecin, le physiologiste, le philosophe, pour tous ceux que préoccupe l’étude de cette mystérieuse machine à penser, logée dans l’animal humain.

L’idée mère de l’Idiot est celle-ci : un cerveau, atteint dans quelques-uns des ressorts que nous considérons comme essentiels, et qui ne nous servent que pour le mal, peut rester supérieur aux autres intellectuellement et moralement, – moralement surtout. Dostoïevsky a imaginé un type assez proche de l’innocent des campagnes russes, du saint populaire, tel que le béatifiait la piété du moyen âge ; il a reconstruit ce type avec les données de la physiologie, il l’a haussé de plusieurs degrés sur l’échelle sociale ; il l’a transporté dans la vie moderne la plus compliquée ; et il a voulu que cette créature inachevée joignît la prééminence de l’esprit à celle de la vertu. Il a voulu plus encore ; pour bien mesurer toute l’audace de sa pensée, il faut rechercher la genèse de l’Idiot. Je crois qu’on peut l’établir presque à coup sûr. L’écrivain a d’abord songé au Don Quichotte ; il y fait clairement allusion en un passage. Le roman de Cervantes a toujours un attrait particulier pour les imaginations russes ; il avait déjà fourni à Gogol l’idée première et le cadre des Âmes mortes ; il suggéra à Dostoïevsky le désir d’incarner à son tour, en un personnage symbolique, l’éternelle protestation de l’idéal contre le train fâcheux du monde. Mais, aussitôt engagé dans cette voie, notre mystique recule plus loin et monte plus haut ; nourri comme il l’est de la moelle évangélique, une illumination lui vient ; pourquoi ne pas réaliser dans un être vivant la parole du Maître : « Soyez comme des petits enfants. » Tel sera le prince Muichkine, « l’Idiot ». Écoutez-le parler et s’analyser lui-même : « L’homme aux soins duquel j’étais confié me dit un jour que dans sa conviction intime, j’étais un enfant et rien autre qu’un enfant, au sens propre du mot ; que par la taille et le visage je paraissais un adulte ; mais que, par le développement, l’âme, le caractère, et peut-être même par l’esprit, je n’étais pas un adulte ; et que tel je resterai, même si je vis jusqu’à soixante ans. Cela me fit rire ; il se trompait, sans doute ; pourquoi serais-je un petit enfant ? Mais la vérité, c’est que je n’aime pas me trouver avec les grandes personnes, parce que je ne sais que leur dire. »

Pour qu’on ne se méprenne pas sur l’intention, l’auteur nous montre d’abord, avec beaucoup d’adresse, le doux infirme vivant dans la société des enfants ses pareils et adoré d’eux. Puis il le plonge dans un milieu de coquins, d’usuriers, d’âmes perdues ; dès qu’ils entrent en contact avec lui, les plus pervers sont relevés, attendris, rachetés au moins pour une heure. Toutes les femmes sont attirées vers ce malade par un entraînement mystique ; il leur rend un amour de compassion, un sentiment qui semble tomber de plus haut et ignorer les liens de chair, amour d’un esprit céleste pour une créature terrestre. C’est peut-être le trait le plus original et le plus obscur des romans de Dostoïevsky, cette conception subtile, tout ensemble ascétique et passionnée, du plus humain des sentiments, qui ne garde chez lui rien d’humain.

Est-ce donc une pure abstraction, cette figure ridicule et touchante du prince Muichkine ? Non, car un écrivain aussi personnel ne pouvait renoncer à se peindre dans le fils préféré de son imagination. Il lui communique une partie de sa propre âme, celle qu’il estime la meilleure ; il lui prête ses idées dirigeantes, ses sensations habituelles, et jusqu’à sa constitution. Pour commencer, il le gratifie de son mal terrible, l’épilepsie ; et par l’action de ce mal sur les centres nerveux, il justifie la conformation intellectuelle de son héros : je ne dis pas la déformation, ce serait aller directement contre la pensée de l’auteur. Ce que le mal sacré a paralysé dans cet organisme, ce sont toutes les mauvaises végétations du cœur et de l’esprit, les passions brutales, l’égoïsme, l’ironie, l’habileté mondaine. De là ce sobriquet, l’Idiot, donné à la créature d’exception par tous ceux qui sont incapables de comprendre sa grandeur idéale.

Le sujet ainsi préparé, il fallait gagner cette gageure ; le faire évoluer dans un monde contre lequel il n’est pas armé, au milieu des gens les plus retors et des intrigues les plus embrouillées ; lui maintenir dans ce monde, sans trop d’invraisemblances, une supériorité constante ; montrer sans cesse la réussite inespérée de ses gaucheries, le triomphe de sa bonté maladroite sur les plans les mieux ourdis ; faire de « l’Idiot », enfin, le deus ex machina qui dénoue tous les imbroglios par le seul effet de sa droiture. Dostoïevsky a gagné la gageure dans les meilleures parties de son roman. Le prince Muichkine est simple avec les simples, il cause d’abondance de cœur avec un laquais auquel il découvre toutes ses pensées, et ailleurs avec l’homme qui vient de le souffleter. L’écrivain a su s’y prendre de telle sorte que l’idée de bassesse n’effleure pas un instant l’esprit du lecteur. Vis-à-vis des sages selon le monde, ce simple sera plus sage qu’eux, il trouvera les paroles qui confondent les docteurs. Ici, Dostoïevsky est dans son véritable élément ; il concentre dans quelques mots, avec un rare bonheur, toute la substance de ses méditations, tout ce christianisme essentiel qui fait le fond de son âme. Qu’elles sont parfois gracieuses ou profondes, les paroles de « l’Idiot » ! Soit qu’il dise, en parlant de ses petits amis : « L’âme se guérit près des enfants et par eux » ; soit qu’il réponde, en défendant un malheureux qu’on juge trop sévèrement : « C’est une erreur de juger l’homme comme vous faites ; il n’y a pas de tendresse en vous, il n’y a que le sentiment de la stricte justice ; donc vous devez être injuste. » À un malade condamné à une mort prochaine, il jette cet adieu : « Passez devant nous et pardonnez-nous notre bonheur. » Souvent, ce sont des mots d’un ascétisme transcendant : « Peut-être me méprisez-vous parce que je ne suis pas digne de ma souffrance », dit ce même mourant. — « Celui à qui il a été donné de souffrir davantage, c’est qu’il est digne de souffrir davantage. »

Et l’instant d’après, ce même homme fera ou dira les choses les plus baroques ; non point, remarquez-le bien, que l’auteur les lui prête pour s’égayer ou pour accuser un côté comique dans la figure de l’idiot ; cet auteur pense lui-même ces choses baroques d’aussi bonne foi qu’il pensait tout à l’heure des choses sublimes. Le sens du ridicule lui est totalement étranger, ainsi qu’à la plus grande partie de ses lecteurs ; auteur et lecteurs s’indigneraient en nous voyant rire aux larmes sur telle page de l’Idiot ; ils ne comprendraient pas pourquoi ce livre nous fait l’effet d’un monstre chimérique, né d’un accouplement d’idées disparates ; quelque chose comme un recueil des pensées de Marc-Aurèle, revu par MM. Clairville et Siraudin. Nous, d’autre part, avec notre finesse d’ironie, nous sommes presque incapables de comprendre cet esprit sauvage, illuminé, sérieux ; et la difficulté est d’autant plus grande que, pour mieux nous dérouter, il emprunte nos masques et nos vieux habits. À qui lirait quelques pages au hasard, ce roman semblerait une imitation des Mystères de Paris ; pour que l’innocent Muichkine sorte à son avantage de tous les pièges qu’on lui tend, Dostoïevsky a dû mettre en branle tous les ressorts du vieil Ambigu : rencontres fortuites et à point nommé d’une multitude de gens, héritages soudains, suppositions d’enfants, entrevues secrètes de nobles dames et de courtisanes. C’est par son bizarre amalgame que ce livre est si hautement symbolique du pays où il a été écrit ; ce pays revêt notre défroque, elle paraît d’autant plus grotesque qu’il la porte avec une grave gaucherie, et sous cette mascarade on trouve un fonds de pensées vierges, originales et puissantes, caractéristiques d’une race inconnue.

En effet, si folle que soit la débauche d’imagination mystique dans ce roman, le lecteur français se tromperait en le jugeant tout à fait irréel. L’idiot, les personnages invraisemblables qui se pressent autour de lui, les petites intrigues saugrenues où ils dépensent leur activité, tout ce monde et tous ces faits reprennent corps et réalité, quand on les replace dans certains milieux russes. Ainsi, j’ai cru longtemps qu’en imaginant ce type abstrait, Dostoïevsky avait franchement perdu terre et lâché la bride à sa fantaisie ; je l’ai cru jusqu’au jour où le hasard me fit rencontrer, précisément dans les conditions de vie où l’on nous représente le prince Muichkine, un homme qui eût pu lui servir de prototype ; victime, comme le héros du roman, d’une étrange maladie nerveuse, tenu pour idiot au jugement commun, doué pourtant de qualités intellectuelles et morales au-dessus de l’ordinaire, sans aucun aloi douteux. Ce jour-là, j’ai compris qu’il ne faut jamais accuser un artiste d’invention arbitraire, et que les formes innombrables de la vie ont toujours pu fournir un modèle à ses créations les plus surprenantes. De même pour ces femmes au cœur détraqué qui se disputent l’amour de l’idiot, Nastasia, Aglaé ; et pour tous ces coquins qui apparaissent et disparaissent comme des ombres au tournant des pages, chuchotant leurs secrets.

Un trait général différencie ces personnages de ceux auxquels nous sommes habitués et les rend absolument inacceptables pour les bonnes gens de chez nous. Ce trait, le voici : ils ne font pas ce qu’ils veulent de leur esprit. Un honnête Latin fait ce qu’il veut de son esprit, ou du moins il le croit ; il ne doute pas de son pouvoir pour enrayer, régler et diriger cette force soumise. Chez les Russes de Dostoïevsky, elle est indisciplinée ; leur pensée, débandée comme un ressort de machine qui échappe au mécanicien, procède par sauts et par bonds, avec des transitions subites des larmes au rire ; on croit entendre des pensionnaires de la Salpêtrière. De plus, cette pensée est compliquée et subtile au delà de toute imagination ; telle phrase toute simple en apparence cache une demi-douzaine d’intentions équivoques ; elle fait songer au roman qu’écrirait un Peau-Rouge, si le don d’écrire lui venait subitement. À chaque instant, dans un dialogue d’affaires ou d’amour, sans motif plausible, une tempête nerveuse secoue les deux interlocuteurs ; ils se taisent, ramassés sur eux-mêmes pour l’attaque, se défient et se meurtrissent le cœur réciproquement, comme deux bêtes féroces ; après quoi l’entretien reprend son cours naturel.

Une silhouette se détache avec une vigueur particulière parmi tous ces êtres fantastiques ; celle du marchand Rogojine. Il fera plus que tous les autres crier à l’invraisemblance ; c’est pourtant le type qui a le plus de chances d’être vrai, dans le milieu où Dostoïevsky l’a cherché ; nul homme ne peut pousser l’excès et la bizarrerie de nature aussi loin qu’un marchand russe quand il s’y met. Ce Rogojine est un fauve dangereux, affolé par la passion. Il fait planer sur tout le récit une épouvante mystérieuse ; on sent sur soi le regard énigmatique de ces yeux immobiles, qui guettent et fascinent le prince Muichkine au détour des rues. Rogojine aime une femme qui lui échappe sans cesse au moment où il croit la posséder, attirée qu’elle est par le timide et inconcevable sortilège de l’idiot ; dans la scène finale du roman, il prend cette malheureuse et la tue ; Muichkine vient le rejoindre au pied du lit où gît leur maîtresse ; les deux hommes la veillent ensemble, et ils causent, très-calmes, réconciliés. Cette scène est peut-être la plus puissante que Dostoïevsky ait jamais écrite. On se tromperait en jugeant sur ma rapide analyse qu’elle relève du mélodrame vulgaire ; les pages les plus tragiques de Macbeth ou d’Othello ne donnent pas une impression pareille de terreur concentrée. C’est fou, mais non pas à coup sûr de la folie qui fait sourire ; de celle qui glace et devient vite contagieuse au premier chef.

C’est fou ! Voilà bien certainement ce qu’on dira chez nous de ce livre, des personnages et des événements qui le remplissent. Et l’on se demandera une fois de plus si la littérature a le droit de s’attacher à des exceptions maladives. Je voudrais présenter à ce propos quelques brèves observations. Le roman en général, et celui de Dostoïevsky plus que tout autre, a pour objet de nous peindre des états de passion. Est-il téméraire d’affirmer que tout état passionnel est un commencement de folie, ou, si l’on aime mieux, une folie momentanée ? que les mouvements désordonnés de l’esprit et leurs signes extérieurs sont les mêmes, dans l’aliénation constitutionnelle qui tombe sous le diagnostic du médecin, et dans l’aliénation passagère pour laquelle on ne réclame pas le secours de ce médecin ? Qu’on veuille bien examiner à ce point de vue toute la littérature classique. Je ne parle même pas de Shakspeare, il me fournirait des arguments trop faciles ; mais des écrivains les plus mesurés, les moins suspects de se complaire aux singularités pathologiques, d’un Euripide ou d’un Racine. Voyez, écoutez Oreste, Phèdre, Hermione ; le désordre des sentiments et des idées, le désordre des gestes, quand un acteur de génie interprète ces rôles, est-ce autre chose en principe que la folie délirante, telle qu’un aliéniste l’observe dans sa clinique ? Sans doute les convenances de l’art classique ont beaucoup atténué l’excès d’impulsion dans ces sentiments et ces gestes ; c’est une question de nuances ; mais les phénomènes sont du même ordre, sur ce théâtre où l’on représente des scènes de passion, et à l’asile où l’on traite des monomanes, des agités. Si, au lieu de ces héros relativement contenus, vous ramenez sur le théâtre Hamlet ou Macbeth, il n’y a plus aucune différence dans l’expression des deux folies. Ainsi, la littérature, qu’elle le veuille ou non, étudie un cas de maladie, elle fait de la pathologie mentale, chaque fois qu’elle nous dépeint un état passionnel très-caractérisé.

Ce qui distingue les écrivains classiques d’un Dostoïevsky, — en dehors des questions de mesure et d’intensité, — c’est que les premiers n’ont jamais soupçonné qu’ils s’aventuraient sur un terrain où leur art se rencontrait avec celui du médecin. Des rapports étroits qui existent entre leurs personnages et les victimes d’une affection morbide, ils n’ont pas conclu à l’identité de cause. Au contraire, le romancier russe a la connaissance de ces rapports. Il considère la folie comme un phénomène d’ordre général, normal en un sens, que tout être humain subit à certains moments et jusqu’à un certain degré. En dehors même de ces moments, il constate dans la plupart des cerveaux certaines particularités natives, du même ordre que celles qui reçoivent un stigmate officiel et conduisent leur homme à l’hospice. Bien plus, il admet que ces conformations singulières sont parfois un titre à notre admiration et à notre respect, comme elles deviennent dans d’autres cas un objet de dégoût et de réprobation.

J’effleure à peine les questions que ce livre soulève. À chacun de les poursuivre aussi loin que bon lui semble. J’en ai dit assez pour indiquer quelle sorte d’intérêt il faut chercher dans cette nouvelle œuvre de Dostoïevsky. Elle a peut-être le tort de venir trop tôt. Dans cinquante ans quand la science de l’homme aura imposé au grand public la lente et inévitable révolution à laquelle nous assistons, quand il aura fallu rayer des dictionnaires usuel beaucoup de vieux vocables, dont l’acception trop étroite ne répond plus à l’état de nos connaissances, — et en premier lieu les mots de fou, de folie, — on s’apercevra que ce Russe audacieux a remué bien des problèmes qui seront alors sinon résolus, du moins franchement acceptés par tous. On lui saura gré, au milieu de beaucoup d’exagérations et d’enfantillages, d’avoir su concilier ses intuitions physiologiques avec un idéal moral et religieux, de ne s’être pas révolté contre un mystère qu’il faut bien admettre, sous peine de méconnaître l’une des deux évidences, celle du cœur ou celle de la raison.

Ceux qui aiment à réfléchir sur ces matières liront l’Idiot jusqu’au bout ; ceux-là aussi qui ne plaignent pas leurs nerfs, qui se plaisent aux cours et aux expériences de M. Charcot. Ce ne sera pas le cas, je le crains, pour la clientèle habituelle des romans. Jugez donc, un roman qui fait penser autant qu’un traité de philosophie, et travailler l’esprit autant qu’un texte hiéroglyphique ! Notre éducation littéraire nous a enseigné le respect des genres, et nous ne souffrons pas qu’on les mêle ; il y a le livre qui doit faire penser et celui qui ne le doit pas ; nous lisons volontiers les deux, mais chacun à son heure ; ici, Paul de Kock et Ponson du Terrail ; là, Malebranche ou Claude Bernard. Je devais prévenir loyalement que, dans cette fiction barbare, Dostoïevsky a mêlé les genres. Ceux que l’exercice de penser fatigue trop ne seront pas pris en guet-apens.

E. M. de Vogüé.