L’Hiver (Scudéry)
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir L’Hiver.
SONNET.
L’Hiuer.
L’Air paroiſt tout obſcur ; la clarté diminuë ;
Les arbres sõt tous nuds ; les ruiſſeaux tous glacez ;
Et les rochers affreux, ſur leurs fronts herissez,
Reçoiuent cét amas, qui tombe de la Nuë.
Tout le Ciel fond en eau ; la greſle continuë ;
Des vents impetueux, les toits ſont renuerſez ;
Et Neptune en fureur, aux Vaiſſeaux diſperſez,
Fait ſentir du Trident, la force trop connuë.
Un froid aſpre & cuiſant, a ſaisi tous les corps ;
Le Soleil contre lui, fait de foibles efforts ;
Et cét Aſtre blafard, n’a chaleur, ny lumière :
L’Vnivers deſolé, n’a plus herbes ny fleurs ;
Mais on le doit reuoir, dans ſa beauté premiere,
Et l’orage eternel, ne ſe voit qu’en mes pleurs.