L’Hiver (Scudéry)

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Poésies diversesChez Augustin Courbe (p. 61).

SONNET.

L’Hiuer.



L
Air paroiſt tout obſcur ; la clarté diminuë ;
Les arbres sõt tous nuds ; les ruiſſeaux tous glacez ;
Et les rochers affreux, ſur leurs fronts herissez,
Reçoiuent cét amas, qui tombe de la Nuë.

Tout le Ciel fond en eau ; la greſle continuë ;
Des vents impetueux, les toits ſont renuerſez ;
Et Neptune en fureur, aux Vaiſſeaux diſperſez,
Fait ſentir du Trident, la force trop connuë.

Un froid aſpre & cuiſant, a ſaisi tous les corps ;
Le Soleil contre lui, fait de foibles efforts ;
Et cét Aſtre blafard, n’a chaleur, ny lumière :

L’Vnivers deſolé, n’a plus herbes ny fleurs ;
Mais on le doit reuoir, dans ſa beauté premiere,
Et l’orage eternel, ne ſe voit qu’en mes pleurs.