L’Histoire de Merlin l’enchanteur/14

Librairie Plon (1p. 50-51).


XIV


C’est ainsi que le roi Nantre vint avec trois cents fer-vêtus garnir sa cité de Huidesant. Il y fut reçu à grande joie, car déjà les Saines battaient la campagne alentour et l’on était fort inquiet. Sa femme, Blasine, était la fille du duc de Tintagel et d’Ygerne. Il en avait un fils de seize ans, qui était d’une grande beauté et qu’on nommait Galessin.

Un jour, le jouvenceau vint trouver sa mère et lui dit :

— Dame, n’êtes-vous pas la sœur de ce roi Artus qui est tant preux et bon chevalier, et qui a déconfit onze rois avec si peu de gens ?

La mère répondit :

— Beau doux fils, sachez qu’en effet il est mon frère et votre oncle, et parent de bien près à votre père par Uter Pendragon. Mais les barons de ce pays ne le voulaient point pour roi, encore que Notre Sire l’eût élu.

Et elle lui conta l’aventure du perron comme elle s’était passée.

— Eh bien, reprit Galessin, Dieu veuille que je ne meure avant que le roi Artus m’ait fait chevalier ! Car je ne le serai jamais que de sa main, et si je puis tant faire qu’il me ceigne l’épée, je ne me séparerai plus jamais de lui.

À l’insu de son père, il envoya un messager à son cousin Gauvain, pour lui faire part de son projet et lui donner rendez-vous à la Neuve Ferté de Broceliande, le troisième jour après Pâques.