L’Hermaphrodite (Samain, Mercure de France)

L’Hermaphrodite (Samain, Mercure de France)
Mercure de Francetome 3 (p. 278).

L’HERMAPHRODITE


Vers l’Archipel limpide, où se mirent les îles,
L’Hermaphrodite nu, le front ceint de jasmin,
Épuise ses yeux verts en un rêve sans fin.
Avec sa langueur torse empruntée aux reptiles,

Sa cambrure élastique et ses seins érectiles,
Il suscite la soit de l’impossible hymen ;
Et c’est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes plus subtiles.

L’éternel désir brûle et tord ses cheveux blonds,
Un sourire infini, frère des soirs profonds,
S’estompe en velours d’ombre à sa bouche ambiguë.

Et sur ses pâles chairs se traîne avec amour
L’ardent soleil païen qui l’a fait naître un jour
De ton écurme d’or, ô Beauté suraiguë !

Albert Samain.