L’Exercice du pouvoir/Avant-propos

Gallimard (p. 7-9).

AVANT-PROPOS

Ce volume contient le texte exact et sûr[1] des discours les plus importants prononcés par Léon Blum depuis le mois de mai 1936.

Il s’agit d’une période trop proche, trop présente à toutes les mémoires, pour qu’aucun commentaire soit nécessaire. On nous permettra cependant, en quelques mots, de justifier le titre de ce livre et d’en expliquer le plan.

Chaque discours de Léon Blum recèle un effort de totale sincérité. Le travail d’analyse accompli pour définir et approfondir le sujet traité est clairement, complètement retracé. Les réactions de Léon Blum devant chaque problème, les réponses que lui ont dictées sa raison et sa sensibilité, sont ensuite exposées avec la même franchise. Enfin la solution choisie est nettement affirmée, elle est courageusement développée jusqu’à ses dernières conséquences.

L’ensemble des discours prononcés pendant cette période fait donc apparaître comment Léon Blum a affronté cette épreuve de « l’exercice du pouvoir » devant laquelle l’avaient placé les circonstances, comment il a su en triompher et en sortir grandi.

Plutôt que de suivre un ordre strictement chronologique, il nous a paru préférable de répartir ces discours, d’après les sujets qu’ils traitaient, en quelques grands groupes généraux. Nous pensons que la lecture de ce volume sera rendue ainsi plus aisée et plus vivante.

La division est évidemment quelque peu artificielle : tout d’abord parce que plusieurs discours traitent des sujets extrêmement larges ; et ensuite parce que, par leur essence même, tous les sujets sont solidaires, tous les problèmes réagissent les uns sur les autres.

On peut cependant définir divers groupes, ce qui revient en somme à passer en revue rapidement les grands ordres de préoccupations que le ministère Léon Blum a rencontrées depuis son arrivée au pouvoir :

1o Nous avons réuni dans une première partie les discours qui concernent la campagne électorale et sa conclusion, la formation et le programme du Gouvernement de Front Populaire à direction socialiste.

2o Avant même de se présenter devant les Chambres, ce gouvernement s’est trouvé aux prises avec de graves conflits sociaux. La deuxième partie récapitule tout le travail accompli pour apaiser et résoudre ces conflits, depuis les premiers accords de juin jusqu’aux récents débats de la loi sur l’arbitrage obligatoire.

3o Dès le mois de mai, Léon Blum a défini la position du gouvernement dans le domaine de la politique extérieure. Il a mis en pratique, au pouvoir, les idées qu’il avait toujours soutenues : paix, sécurité collective, alliance sincère et résolue des démocraties mondiales.

4o Un problème grave, imprévu et douloureux s’est posé dès juillet, à la suite de la guerre civile espagnole. Léon Blum a prononcé à ce sujet quelques discours parmi les plus émouvants et les plus courageux de sa carrière.

5o Les problèmes financiers, l’emprunt, l’alignement monétaire, ont été à leur tour des sujets de préoccupations et nous avons groupé dans la cinquième partie les discours qui s’y rapportent.

6o Après avoir confondu les calomniateurs de Roger Salengro, Léon Blum a dû lui adresser un dernier adieu, au lendemain de sa fin tragique. Ces discours sont groupés dans la sixième partie, avec ceux prononcés pour défendre le projet de loi sur la presse, pour rendre impossibles à l’avenir les campagnes de fausses nouvelles et les attaques injurieuses.

7o À travers toutes ces épreuves, la cohésion du Front Populaire, le contact intime et compréhensif entre le gouvernement, les partis et le pays, n’ont cessé de se maintenir et de se développer. Nous avons groupé dans une dernière partie les discours qui marquent l’œuvre accomplie par Léon Blum pour renforcer cette cohésion et ce contact.

Robert Blum.
Mars 1937.
  1. La plupart de ces discours n’avaient pas été rédigés ; les textes de ce recueil reproduisent les sténographies.