L’Escole des filles/1

(auteur présumé)
Texte établi par Poulet-Malassis, Bruxelles, aux dépens des dames de la rue des Cailles (p. i-x).

BIBLIOGRAPHIE
ET
TEMOIGNAGES

BIBLIOGRAPHIE


L’Escole des Filles ou la Philosophie des Dames, divisée en deux dialogues. Agere et Pati. Corrigé et augmenté d’un combat du … et du …, d’une (sic) dialogue entre le … et Perrette, et une instruction des curiositez dont la methode de trouver est marqué (sic) par les nombres, suivant les tables. Imprimé à Fribourg, chez Roger Bon Temps, l’an 1668.


 In-12 de 224 p. pour le texte et de 32 p. pour l’Epistre, l’Argument des deux Dialogues, la Table et trois autres pièces liminaires, dont un madrigal à Monsieur Mililot sur son Escole des Filles ; mauvais frontispice gravé sur cuivre, représentant deux femmes assises ; l’une montre à sa compagne le livre de l’Escole des Filles, grand ouvert et appuyé par le bas sur une table ; au premier plan un petit panier à ouvrage, au fond un lit à colonnes et un petit miroir. — Contrefaçon hollandaise d’un livre imprimé pour la première fois à Paris en 1665, qui fut brûlé et son auteur pendu en effigie ; l’édition originale, introuvable, avait un frontispice dessiné et gravé par François Chauveau, lequel a sans doute servi de modèle à l’estampe que nous venons de décrire. Guy Patin et Charpentier parlent du livre et de l’auteur en défigurant le nom de ce dernier qu’ils appellent l’un Helot, l’autre Milot.

Voir dans la Bibliographie des ouvrages relatifs à l’Amour, aux Femmes et au Mariage, qui résume à ce sujet Murr et Ebert, la nomenclature des contrefaçons et traductions hollandaises, toutes rarissimes, de l’Escole des Filles, au dix-septième siècle. Ce petit volume a été réimprimé plusieurs fois, au dix-huitième et même au dix-neuvième, séparément ou dans des recueils, mais avec de nombreux changements et retranchements. On aurait dû y regarder à deux fois avant de toucher ainsi au premier livre déterminément obscène écrit dans une langue illustrée depuis par tant de productions que la pudeur défend de citer.




TEMOIGNAGES.

« Monet est le premier homme que nous aïons pour exceller dans les portraits en miniatures. J’ai sçû de lui une particularité assez curieuse, au sujet de l’Escole des Filles, que l’on vient d’imprimer en Hollande. Monet apprenoit à dessiner à Chauveau, lorsqu’un nommé Helot, fils d’un lieutenant des cent suisses du roy, vint prier Chauveau de lui graver un petit sujet ; ce qu’il exécuta selon l’idée que l’autre lui en donna, et tel qu’on le voit au devant de l’Escole des Filles, dont Helot est l’auteur. Celui-ci donna son manuscrit à un libraire du Palais, qui le fit imprimer ; il le vendit sous le manteau, mais la justice aïant pris connaissance d’un livre si scandaleux, elle fit faire des perquisitions pour découvrir l’auteur, qui en aïant eu vent, sortit de France. Le libraire aïant décliné le nom de celui qui lui avoit remis le manuscrit, Helot fut pendu en effigie, tous les exemplaires de son livre furent brûlez au pied de la potence, et le libraire condamné à une peine afflictive. Chauveau, qui ignoroit l’usage que l’on vouloit faire du sujet qu’il avoit gravé pour Helot, ne laissa pas d’être inquiété. Le bailli du Palais vint le prendre chez lui, mais comme il n’avoit pas eu communication de l’Escole des Filles, il en fut quitte pour voir casser la planche qu’il avoit gravée, avec défense à lui d’en graver une seconde, si quelque imprimeur la lui demandoit. Il s’en faut bien que l’estampe qui est au devant de l’Escole des Filles que l’on vient d’imprimer en Hollande soit aussi correcte qu’étoit celle de Chauveau. Peu de personnes ont de celles qui furent brûlées à Paris avec le livre. »

Carpenteriana, ou remarques d’histoire, de morale, de critique, d’érudition et bons mots de M. Charpentier, de l’Académie françoise, in-12, Paris, 1724, p. 79-82.

« On a ici pendu en effigie un nommé Milot, avéré auteur d’un infame livre intitulé l’Escole des Filles, que l’on dit être tiré de l’Arétin.»

Guy Patin à Charles Spon, à la date du 26 juillet 1655, édit. des Lettres de 1718, t. 2, p. 123.