Texte établi par Ernest Flamarion,  (Tome II : 1916-1918p. 31-42).


NOVEMBRE 1916


— Bouttieaux passe le 2 novembre. Il dit qu’au début de juillet, un général commandant de troupes coloniales parvint jusqu’à la Somme. Il demanda à l’État-Major s’il devait s’y maintenir. On lui répondit qu’on était trop loin pour en juger, qu’on le laissait maître de ses décisions. Il y renonça.

À propos des Russes. Bouttieaux rapporte qu’un colonel russe lui tint ce langage : nous ne tenons pas à ce que nos contingents envoyés en France reviennent en Russie. Au contact des Français, ils ont pris le sens de la démocratie et ils deviendraient là-bas des ennemis du régime féodal en vigueur.

— Le 5. La Ligue des Droits de l’Homme a fait un rapport sur les conditions de la paix. Les premiers jours, échoppage absolu. Peu à peu, la lumière filtre. On apprend que Séverine a demandé la paix au nom de l’humanité. Elle fut battue. Le rapport, publié, se fonde sur la victoire et répudie les annexions.

— Il y eut, fin octobre, un Conseil des ministres agité, où on releva un désaccord entre les chiffres donnés par le G. Q. G. et ceux donnés par Sarrail, quant aux effectifs de Salonique. Le ministre Roques part là-bas à fins d’enquête. Auparavant, il vit Joffre qui espère bien être débarrassé de Sarrail et n’en veut pas au front français.

— J’ai sous les yeux une brochure à l’en-tête du Grand Quartier Général, imprimée par l’Imprimerie Nationale et intitulée l’Usure adverse. Elle a été répandue parmi les officiers du front et doit inspirer leurs conférences aux hommes. Elle explique comment on brisera le front allemand. Et j’y vois cette allégation audacieuse qu’à part quelques fonds de tiroirs, « les Allemands n’ont plus que leur classe 1918 (350.000 hommes) ». Ce chiffre est prodigieusement au-dessous de la vérité. Il y a là une erreur voulue, un moyen frelaté d’entretenir la confiance. C’est, comme dans l’affaire Dreyfus, « le faux patriotique ».

— Jean L…, retour de Verdun, dit qu’au lendemain de la reprise de Douaumont, on entendait des cris dans les profondeurs du fort. C’étaient des Allemands qu’on avait emmurés derrière des sacs à terre et arrosés de pétrole, la veille… Il dit aussi qu’entre officiers, après la reprise de Vaux, on fut fort déçu, car on s’attendait à plus d’enthousiasme dans les journaux. Il est vrai que ces actions n’ont pas, en apparence, ému l’opinion. On n’en parle pas. On a l’air de se défier du sort. Toujours la léthargie.

Le bruit court que le général Pau — amputé du bras droit — serait nommé ministre de la Guerre et s’adjoindrait Roques. « Comme bras droit », dit Mme X…

— On cite ce permissionnaire, arrivé à l’improviste chez lui, et qui y trouve quinze personnes à dîner, invitées par sa femme : il n’en connaissait aucune.

— Déjeuner chez Victor Margueritte avec Accambray et Jean Hennessy. Accambray raconte que, le 2 septembre 1914, l’ambassadeur des États-Unis et le ministre de Norvège furent chargés par le gouvernement français d’offrir 4 milliards à Von Kluck pour épargner Paris. Accambray rêve maintenant d’une alliance avec les États-Unis, une sorte de vaste Atlantide.

— Le nombre des couples qui s’embrassent, s’enlacent et se pétrissent en public va croissant de jour en jour.

— Les armées appellent Mangin le Boucher. Même dans les milieux nationalistes, il a une réputation de sacrificateur sans frein. Il est promu dans la Légion d’honneur parce que ses troupes ont repris Douaumont et Vaux. Les soldats qui en revinrent lui criaient au passage : « Eh ben, tu l’as, ta décoration ? »

— Le 9. Intermède gai. On annonce la nomination de Hughes à la présidence des États-Unis. Puis celle de Wilson, qu’on a déjà eu le temps de traîner dans la boue. Les journaux ont obéi à la hâte de triompher et à la hâte d’informer.

L’attitude de l’Amérique devant le conflit européen a dû jouer un grand rôle dans cette élection. Wilson représente le parti avancé, la démocratie, le libre-échange. Hughes représente le chauvinisme, la réaction, les grosses entreprises, le protectionnisme.

— Un permissionnaire, casqué, sort d’une gare. Le gabelou veut lui faire ouvrir ses pauvres paquets. Le soldat l’engueule. La foule prend parti pour le gabelou.

— En France, flambeau de la civilisation, le communiqué ne dit jamais les avions qui ne rentrent pas, dans les combats aériens. Les Anglais, au contraire, en font mention. Qu’arrive-t-il ? Que nos communiqués donnent l’impression que tous les appareils reviennent. Et quand se tue l’aviateur Bœlke, on apprend qu’il en était à son quarantième avion abattu ! Quelle stupeur ! Voilà, en raccourci, ce qui se produira après la guerre, quand on saura.

— Le lieutenant G…, Belge, me dit que court le bruit d’une proposition d’armistice de la part des Allemands : libération de la Belgique avec trois milliards d’indemnité, libération des départements envahis, retour à la France de la Lorraine annexée, referendum pour l’Alsace. Il dit que dans l’ordre où elles désirent la paix, les nations se classent ainsi : 1o Russie (fort parti germanophile. À Londres, récemment, on a craint une paix séparée russe) ; 2o Roumanie (furieuse, se dit trahie par les Alliés qui ne lui ont pas fourni les effectifs promis) ; 3o Italie (irritée qu’on vante l’héroïsme français plus que le sien) ; 4o la France ; 5o l’Angleterre.

— Le 10. Autre rumeur d’armistice que Jean L… tient du préfet du Rhône. Les Allemands demanderaient quinze jours pour se retirer sans coup férir sur une ligne de retraite, puis reprendraient le combat. Il aurait été propose par le Nonce du Pape et refusé.

— Painlevé, rentré d’Angleterre le jeudi 9, dit qu’il ferait de grandes choses avec Lloyd George. Mais il lui faut l’agrément de Briand pour aller là-bas. Il est heureux de voir que Lloyd George lui fait particulièrement bel accueil.

— Les maisons de thé débordent.

— Le général N… allait rendre compte à Joffre de ses opérations sur la Somme, où sa division fut tort éprouvée. Un officier du G. Q. G. lui dit : « Ne dites pas le chiffre de vos pertes au général Joffre. Cela lui donnerait du souci. »

— Mon voisin, le juge B…, consacre une audience hebdomadaire aux plaintes des réformés, exemptés, blessés, que des femmes ont traités d’embusqués.

— Nouvelle pièce de Henry Bataille, l’Amazone. Et c’est, dans la haute bourgeoisie, toujours éprise de théâtre, une ardeur haletante, des coups de téléphone anxieux, des caquetages fébriles, que les plus grands événements de la guerre n’ont pas provoqués chez elle. Le retour des forts de Vaux et Douaumont a cent fois moins agité ces gens-là. Il est vrai qu’il s’agit cette fois d’une première ; et il ne s’agissait que de reprises.

— Toujours des Conseils des ministres houleux. Le samedi 11, Painlevé veut encore s’en aller : pendant son voyage en Angleterre, on a réellement voulu destituer Sarrail. Mais le dimanche, il va voir Poincaré et ça s’arrange encore une fois.

— Soudain, des mesures austères et restrictives pleuvent ou menacent. On fermera boutique à 6 heures ; cafés et restaurants à 9 h. ½ ; on ne sera plus reçu en habit ni décolleté dans les théâtres subventionnés ; on créera un grand conseil des économies qui décrétera des jours sans viande. C’est le caractère imprévu de ces mesures qui frappe l’opinion. Il est exact que, faute de transports et de charbon, la distribution de force et lumière a été suspendue dans la banlieue.

Quant aux commerçants, ils s’agitent, ils protestent. Ils s’aperçoivent qu’il y a la guerre.

— La censure supprime un article de la Vie Féminine du 13 novembre. On y souhaitait que des Françaises visitassent les prisonniers Français en Allemagne et réciproquement. La censure ne veut pas même de cette sorte de rapprochement. Il est vrai que nos patriotes déclarent impossible la présence d’Allemandes en France. Est-ce curieux, nous qui nous donnons pour le peuple le plus courtois et le plus généreux de la terre, que nous nous sentions incapables de recevoir des Allemandes, tout en admettant que les Allemands sauraient recevoir des Françaises ?

— Je montre à Gabriel Voisin le rôle ingrat que c’est de maudire « la guerre en soi » au nom de la pitié, de dévoiler son abominable stupidité. On vous accable aussitôt sous ces mots salissants : honte, lâcheté, infamie. Tandis que ceux qui exaltent la guerre se pavoisent de beaux vocables : gloire, honneur, héroïsme.

— Parmi les absurdes non-sens de la guerre : la façon de mourir fait tout. Ainsi, on apprend qu’un aviateur vient d’être tué en vol. Quelle horreur ! Puis, on rectifie : il est mort d’une rupture d’anévrisme. Cela apparaît bien encore comme une conséquence de son périlleux métier. Mais, c’est égal ; ce n’est plus la même chose. Et tout le pathétique de la nouvelle disparaît.

— De l’insensibilité générale. Le communiqué anglais en arrive à se féliciter que, « sur une division, on n’ait perdu dans une attaque que 450 hommes ». Rentrez en vous-même. En venir à se féliciter que, ce jour-là, il n’y ait que 450 familles en deuil par division.

— Déjeuner avec Anatole France. Il cite un mot de Malvy, de la veille : « C’est l’ère des difficultés insurmontables qui s’ouvre. »

Il dépeint une entrevue avec Briand, au début de sa présidence, sa façon de s’asseoir avec lassitude et de déclarer : « Il faut en finir vite, ça ne peut pas durer. »

France dit que le Gouvernement agit envers le pays comme une mère dont l’enfant vient de se flanquer un gnon et qui le persuade : « Tu n’as pas de bobo. » En général, dit-il, la satisfaction pour les femmes d’être séparées de leur mari est une des causes de durée de la guerre.

Du soldat il dit : Il y a trois soucis : la faim, l’amour, la mort. Chez le soldat, l’extrême fatigue a tué l’amour. Le danger est intermittent et il le sent peu. Et la faim est satisfaite chez des paysans à qui l’on donne tous les jours du vin et de la viande. Enfin, il y a l’attrait des récompenses et la crainte d’être fusillé.

Après le déjeuner, il me prend par les épaules et me dit : « Où allons-nous ? Que faire ? » Je lui réponds : « Devenez Directeur de la presse et répandez l’idée que la victoire des Alliés est acquise en puissance, qu’elle résulte de leur supériorité numérique, financière, territoriale, que les armées ont fait faillite et que, cette victoire latente, il est inutile et coupable de vouloir la révéler dans le sang. »

— On sait depuis le 13 que des troubles ont éclaté en Algérie, provoqués par la conscription. Un sous-préfet, un administrateur, un chef de gare sont tués. Les dépêches d’Algérie n’arrivent plus. Le 18, la presse n’a pas encore soufflé mot de ces faits.

— Depuis le 15, extinction à 6 heures. Beaucoup d’éventaires à la bougie, après cette heure. Beaucoup de mécontentement aussi. Car le marchand de couleurs, obligé de fermer, se plaint que sa clientèle va chez l’épicier, qui reste ouvert parce qu’il appartient à l’alimentation.

— « Il ne faut pas que la France meure étouffée sous les trophées », écrit le député Bokanowski.

— On appelle Sembat, ministre des travaux publics, aux prises avec des difficultés de transports ferrés : le général Sans-Rail.

— Le 20. Chaque jour, à Paris, un produit manque provisoirement : le lait, le sel. Ce sont des arrêts de circulation de l’organisme.

— Deux camps se dessinent, sous deux enseignes : « Mangeons, dépensons afin de faire marcher le commerce et de rendre la France aimable aux étrangers. » Et : « Jeûnons, privons-nous, afin que tout aille à la défense nationale. » En fait, personne ne change beaucoup sa vie.

— Sur les boulevards, vers six heures, le dimanche soir, la foule est si dense qu’il faut aller au petit pas ou marcher sur la chaussée. Les restaurants débordent. Jamais on n’a tant bâfré. Le bien-être vient d’en bas, des hauts salaires.

— Le 19. On me fait lire l’Écho de Paris et je tombe sur un article de tête qui réclame la rive gauche du Rhin. Ainsi, les mêmes gens qui réclament une victoire écrasante pour éviter la « guerre dans trois ans », réclament aussi ces annexions qui sont le germe des revanches !

— Pour la révision de la classe 1918, il y 450 voix contre 75 à la Chambre. Mais cette Chambre apparaît encore comme un monstre ombrageux. Prononce-t-on le mot lassitude ? Tumulte. L’orateur est obligé d’affirmer vite que la volonté de vaincre est aussi vive qu’au premier jour. Et quand il dit : « Écoutez ces voix qui montent des profondeurs des tranchées et des profondeurs de l’arrière », la Chambre se méprend, s’émeut d’avance, proteste. Elle a peur que ce soient des voix qui demandent grâce. Et elle ne se remet de l’alerte que lorsque l’orateur reprend : « Ces voix disent qu’elles veulent être commandées et gouvernées ! »

On décide à cette séance un nouveau Comité secret.

— Le 22. La mort de François-Joseph laisse l’opinion indifférente.

— Le 24. Nouvelles restrictions. On parle de deux jours sans viande, suppression des gâteaux frais, carte d’essence, révision des réformes, taxes sur les timbres, le tabac, notes de restaurant, places de théâtre. Une loi d’accélération joue.

On me dit que le front est ravi de savoir le civil embêté. Dans les tramways, on entend : « Ce n’était pas la peine de blaguer les Allemands pour faire pareil qu’eux. » L’orgueil jouant un rôle énorme dans la guerre, il faut une inexorable nécessité pour offrir à l’ennemi, en l’imitant, l’occasion de sourire.

— Dialogue avec un député, pourtant socialisant :

Moi. — Je m’étonne qu’au programme du Comité secret on n’ait pas mis les buts de guerre.

Lui. — Oh ! Ce serait un élément de dissension. Il n’y aurait pas deux députés du même avis. C’est trop tôt. Il faut vaincre d’abord.

Moi. — Mais, vaincre, c’est atteindre un but. Il faut donc le connaître.

Lui. — Eh bien, pour moi, la rive gauche du Rhin me plairait assez.

Moi. — Quoi ? Vous combattez au nom du droit, pour qu’on ne dispose plus des peuples sans leur consentement, et vous voulez annexer des peuples de race allemande, commettre le même délit que les Allemands ont commis en 1871 en annexant l’Alsace-Lorraine, et réinstaller l’abcès au flanc de l’Europe ?

Lui. — C’est une telle garantie qu’une frontière forte !

Moi. — La frontière forte ? Mais on la tourne. Les Allemands n’ont pas abordé notre frontière de l’Est. Ils sont passés par la Belgique.

Lui. — Oh ! Il est certain que je me contenterais encore de l’Alsace-Lorraine.

— Le 24. Anatole France et Tristan Bernard déjeunent chez Mme B… Painlevé et Pierre Loti viennent dans l’après-midi. Painlevé nie les projets de démission de Briand. Il a eu avec celui-ci une grande explication, où il l’a assuré qu’il le trouverait à ses côtés pour toutes mesures salutaires. Il annonce qu’il n’y aura pas grand changement pour le Haut-Commandement, sauf l’abrogation du décret du 2 décembre 1915 créant un généralissime.

Je lui demande s’il est vrai que Lloyd George a réclamé le remplacement de Joffre. Il me répond : « Vous m’en demandez trop. »

Après le départ de Loti, sensiblement vieilli, Anatole France dit : « C’est étonnant, comme il a passé soudain de l’adolescence à la vieillesse. »

— On m’apprend que Joffre a une péniche à Bougival où il vient souvent le dimanche.

— Le 26. En fin de journée, visite au colonel C… qui dirige les Informations militaires à la Maison de la Presse. C’est une maison neuve, à locataires, toute occupée par des bureaux de propagande. C… était avec moi à Polytechnique. Nous ne nous étions pas revus depuis cette époque. Il croit au triomphe de l’artillerie lourde et me demande si on a trouvé, aux Inventions, une méthode pour s’affranchir de la guerre de tranchées. Il n’en voit pas.

— De Tristan : au cours d’une trêve de tranchées, un coup de feu part sur un Français. Il veut en avoir le cœur net et va jusqu’aux Allemands. Il les trouve en train de houspiller celui qui a tiré : « Il ne savait pas. Il est arrivé ce matin. »

— On voit des articles intitulés « Gare la paix ». Un autre, qui excite à une haine inextinguible : « Brandons de paix. » On m’assure qu’il est d’une femme.

— La pensée qu’on va peut-être supprimer le gaz arrache ce cri à un chauvin : « Mais alors ! Mon bain ? »

— On est stupéfait — on le sera surtout — de voir, en lisant les comptes rendus de la Chambre, les députés décider de la vie des autres : « Nous donnerons jusqu’au dernier homme… »

— Du préfet D… Un prêtre avait décidé un soldat athée à se confesser et à communier pour Pâques. L’homme avoue à D… : « Il m’a mis un grand pain à cacheter sur la langue. Mais, comme il avait les doigts sales, j’ai craché et j’ai mis son pain à cacheter dans mon vase de nuit. » D… annonce au chanoine de la cathédrale que le bon Dieu a été jeté dans un pot de chambre. Le prêtre, finement, dit que l’intention seule importe.

— Le 28. À propos du Haut-Commandement, au Conseil de ce jour, Painlevé a voulu démissionner. Freycinet, paladin de Joffre, a offert aussi sa démission au cas où on toucherait au généralissime. Tout le monde demeure.

— Le 28. Première séance du Comité secret. Exposé de Briand. Attaques d’Augagneur et Kerguezec sur Salonique.

— Le 29. Deuxième séance. Succès d’Abrami sur Salonique. Guesde, de sa place, manifeste violemment contre Abrami.

— Le 30. Troisième séance. Grand succès de Roques, défendant Sarrail.

— On conte maintenant un peu partout comment Poincaré fut engueulé par les soldats vers Sailly-Saillissel : « Retourne donc à Bordeaux, etc. »

— Le 30. C… me fait remarquer que l’on n’a pas désigné de plénipotentiaires de la paix, dont la tâche, pendant un an, consisterait à étudier la situation aux points de vue historique, financier, économique, les quarante-neuf Constitutions des États allemands, les défauts de la cuirasse…

À quoi les patriotes : Si on les désignait, les Allemands le sauraient et ils y verraient un signe de faiblesse.

— Des brochures et journaux d’avant-garde signalent la tendance réactionnaire de la Censure. Elle permet les prétentions annexionnistes — celles de Barrès, réclamant des têtes de pont sur la rive droite du Rhin et un préfet français à Coblentz — et interdit la thèse socialiste opposée à la théorie bismarckienne des annexions.

L’Écho de Paris a publié le 27 novembre un manifeste catholique qui, à la faveur de la guerre, demande le Concordat, l’enseignement religieux dans les écoles, la « correction » de la loi du divorce, etc.

— On se demande comment les femmes abandonneront leurs hauts salaires actuels. Les chefs d’industrie reconnaissent leur aptitude aux métiers qu’elles adoptent, leur apprentissage plus prompt, leur production plus forte que ceux des hommes.

— Le 30. Gémier me dit que 4.000 femmes se sont ameutées à Levallois-Perret. Question de vivres.