L’Enlèvement d’Antiope

L’Enlèvement d’Antiope
Revue des Deux Mondes5e période, tome 30 (p. 682).
POÉSIES[1]


L’ENLÈVEMENT D’ANTIOPE


Tel qu’un aigle élancé du plus noir firmament,
Le héros a saisi dans sa puissante serre
L’Amazone. Il l’a prise, il la tient et la serre
Et l’emporte au galop de l’étalon fumant.

A ses cris, à ses bras levés éperdûment
Le ciel n’a répondu que par un sourd tonnerre,
Et la bête sous qui fuit et tremble la terre
Redouble sa terreur à son hennissement.

L’air que déchire leur vertigineuse allure
Fait voler derrière eux la longue chevelure
Et lui cingle la gorge avec le fouet des crins.

Et partout, sur sa chair férocement baisée,
Elle a senti courir de sa nuque à ses reins
Le rire triomphal des lèvres de Thésée.

Octobre 1904.

  1. Ces « dernières » poésies paraissent ici rangées dans l’ordre que le poète avait indiqué lui-même pour l’impression.