L’Enfant du bordel/tome 2/2

(Attribué à)
(p. 56-87).

CHAPITRE VIII.


LE château du vicomte étoit vraiment fort beau : il m’attendoit sur le perron avec son épouse, et entouré de ses gens. Je ne parlerai pas de l’ennuyeux et ridicule cérémonial de la réception ; qu’il suffise de savoir qu’on m’a établi dans le plus bel appartement du château. Le vicomte a vu mon cordon jaune et s’est incliné devant avec respect. Il est persuadé que je suis fils d’un des grands de la Pologne.

Une chose qui m’importoit infiniment plus, étoit de savoir comment il se faisoit que Félicité fût dame de paroisse ; et c’est ce dont je fus bientôt éclairci. Après un souper splendide, auxquels furent invités tous les gentilshommes du voisinage, on me permit de me retirer. Le vicomte me conduisit lui-même à mon appartement, m’en fit remarquer toutes les commodités, et m’y laissa en me souhaitant une bonne nuit.

J’aurois bien voulu connoître les êtres du château, j’aurois tâché de me glisser jusqu’auprès de Félicité ; mais il ne falloit pas commettre d’indiscrétion, et une étourderie pouvoit non-seulement me perdre, mais encore entraîner Félicité dans le précipice.

Il me paroît que Félicité avoit autant d’impatience que moi ; car, une jolie petite femme-de-chambre, sans doute la confidente de sa maîtresse, entra dans ma chambre et m’invita à la suivre ; je ne me fis pas prier, et, en peu d’instans, je fus dans la chambre et dans les bras de ma Félicité.

Enfin, me dit-elle, enfin te voilà mon Chérubin : je puis te presser sur mon cœur, et dis-moi donc, mon bien-aimé, ce qui t’est arrivé depuis notre séparation. La petite femme-de-chambre s’étoit discrètement retirée dans un des cabinets de l’appartement où étoit son lit. Au lieu de répondre à Félicité, je la prends dans mes bras : j’enlève une partie de ses vêtemens, je fais pleuvoir les baisers sur tous ses charmes, nos cœurs palpitent, nos bouches se joignent, nos langues s’unissent, un canapé complaisant nous reçoit, nous ne pouvons plus résister à nos desirs fougueux, l’acte s’opère, le plaisir brille, et nous restons sans connoissance dans les bras l’un de l’autre.

Revenus à nous, je répondis aux premières questions de Félicité, en lui racontant tout ce qui m’étoit arrivé depuis que j’avois été séparé d’elle. Ce récit la fit pamer de rire ; je lui demandai ensuite comment il se faisoit qu’une charmante coquine comme elle eût été transformée en une haute et puissante dame ; en un mot quelles étoient les aventures qui avoient métamorphosé ma Félicité en madame la vicomtesse de Basseroche. Je la priai de contenter ma curiosité, ce qu’elle fit en ces termes.

Histoire de Félicité.

Mon histoire est courte, mais assez originale. Je suis véritablement d’une grande naissance. J’appartiens à la famille de L. R., dans laquelle on compte des ducs. Née d’un gentilhomme de ce nom, mais peu fortunée, je fus élevée jusqu’à douze ans dans une des provinces reculées de la France. À cette époque, je commençois à sentir des besoins dont j’avois ignoré jusqu’à ce moment l’existence. J’étois grande et formée pour mon âge, et à douze ans tout le monde m’en donnoit quinze.

Un procès qu’avoit mon père, et de l’issue duquel dépendoit la majeure partie de ses biens, nous obligea, ma mère et moi, de nous rendre à Paris pour y solliciter nos juges.

Nous fûmes forcées, vu la pénurie des espèces, de nous y rendre par une voiture publique. Nous nous emballâmes donc dans le coche, dans lequel, outre différens voyageurs dont je ne parlerai pas, il y avoit un jeune capucin d’environ vingt-deux à vingt-trois ans ; le hasard me plaça près de lui, et il me parut, au contentement que je vis briller dans ses yeux, qu’il y trouvoit quelque plaisir. De mon côté, quoique très-innocente, j’admirois sa peau blanche, ses couleurs vives, sa barbe légère et bouclée avec grace, mais sur-tout cet œil expressif qui peignoit si bien les sensations de son ame.

Ma mère, pour se rajeunir, me traitoit toujours devant le monde comme un enfant, en dépit de certains petits tettons qui commençoient à devenir déjà très-apparens ; elle dit à la société que je n’avois que dix ans : on se récria sur ma précocité ; mais l’œil du jeune capucin me dit très-clairement qu’il ne croyoit rien au mensonge de ma mère.

Après le dîner, nous remontâmes en voiture ; nous étions dans la saison où les nuits sont les plus longues, de manière qu’à cinq heures nous fûmes dans les ténèbres. Je sentis bientôt la main de mon capucin qui cherchoit la mienne ; je la lui abandonnai, car à parler franchement, il m’avoit tourné la tête. Bientôt cette main indiscrète se promena sur ma poitrine en cherchant l’ouverture de mes vêtemens ; malheureusement… ou heureusement, je m’étois desserrée après le dîner, de manière que cette main libertine eut bientôt pénétré jusqu’à mes jolis petits tettons ; elle s’y promena long-tems avec délice. Un des doigts de mon capucin chercha à faire éclore le léger bouton qu’un chatouillement amoureux n’avoit point encore agité. Comment te peindre la sensation que j’éprouvai ? elle fut enivrante.

Cependant le séraphique personnage s’étoit emparé d’une de mes mains qu’il cherchoit à introduire par la fente de sa robe ; bientôt il la déposa sur un gros morceau de chair exactement roide ; car le révérend capucin bandoit comme un carme.

Je ne sais quelle espèce de charme résidoit dans le membre de l’enfant de Saint-François ; mais à peine ma main eût-elle empoigné ce talisman qu’il me fut impossible de le lâcher, et de m’opposer aux entreprises du révérend.

On causoit dans la voiture avec assez de véhémence, de manière que l’attention des voyageurs, fixée par une conversation, sans doute intéressante, nous laissoit une liberté entière.

La main du capucin qui, jusqu’à ce moment s’étoit promenée sur ma jeune gorge, quitta ce poste charmant ; mais pour s’emparer d’un autre bien plus agréable ; je la sentis qui cherchoit à s’introduire dans la fente de mon jupon ; j’opposai une foible résistance qu’elle eût bientôt vaincue ; elle releva ma chemise, se glissa le long de mes cuisses et s’empara de ce bijou précieux qu’aucune main n’avoit encore visité, et qui, depuis quelques mois, s’étoit revêtu d’un poil léger, qui avoit beaucoup d’analogie avec la barbe du jeune moine.

Bientôt un doigt agile se fixa sur mon jeune clitoris, et me fit goûter un plaisir qui m’avoit été inconnu jusqu’à ce moment ; mais ces plaisirs furent si vifs qu’après plusieurs soupirs énergiques, que le capucin eût beaucoup de peine à étouffer, en toussant d’une voix de Stentor, ma tête s’appuya sur son épaule, et je restai sans connoissance. C’est ainsi que je connus le bonheur, et que je déchargeai pour la première fois.

Ma main cependant n’avoit pas quitté le ferme outil de son excellence cloîtrée : il avoit acquis une roideur extrême. Il n’étoit pas extrêmement gros, mais il avoit cet honnête embonpoint qui convenoit si fort à une fille de mon âge. De tems à autre sa révérence aidoit ma main à aller et venir en tenant son affaire : j’en conjecturai que ce mouvement lui faisoit plaisir, je continuai à suivre l’impulsion qui m’avoit été donnée. Bientôt mon capucin soupira à son tour, il fut agité de mouvemens convulsifs, et je sentis mes doigts inondés d’une liqueur chaude et gluante qui jaillit de ce membre sacré.

Nous répétâmes deux fois ce joli exercice ; à la seconde fois, frère Ange, car il se nommoit ainsi ; frère Ange, dis-je, voulut faire entrer son doigt dans ma petite fente ; mais un cri de douleur que je retins lui prouva que j’étois pucelle, et il ne poussa pas ses recherches plus loin.

Nous arrivâmes au souper, ma mère fut frappée de ma situation ; j’avois les joues pourpres, l’œil abattu, la respiration gênée ; une violente migraine que je prétextai, me servit d’excuse. Un vieux carabin de village, de ceux qui soignent également la santé des bêtes et celle des gens, me tâta le pouls ; il décida que j’avois une fièvre violente, qu’il falloit me mettre au lit sur-le-champ, et que le repos calmeroit mon agitation ; il exprima ma maladie par ces mots latins qu’il débita avec emphase : Proximus pubertatis index.

On me force donc à me coucher malgré l’appétit dévorant que je ressentois. Pendant ce tems, frère Ange étoit dans un coin à dire son breviaire avec la tranquillité d’un élu ; il s’avança au moment où j’allois sortir, m’adressa d’un air de componction quelques paroles de consolation sur ma mauvaise santé, et sur les vœux qu’il faisoit au ciel pour son prompt rétablissement. Ma mère, aidée de la servante, me mit au lit : malgré l’appétit dévorant que je ressentois, je ne tardai pas à être ensevelie dans le plus profond sommeil.

Je fus réveillée par la servante qui m’apportoit un bouillon. Je la conjurai avec tant d’instances de m’apporter quelque nourriture plus solide, qu’elle fut dire à ma mère que je me mourois de faim. L’esculape villageois monta, et malgré son opposition, j’obtins qu’on me laisseroit manger la moitié d’un pigeon que ma mère promit de m’envoyer sur-le-champ.

Le pigeon fut mangé tout entier ; ensuite un sommeil réparateur acheva de me rendre mes forces ; et au grand étonnement du médecin de campagne, et en dépit de ses prédictions, je me levai le lendemain plus fraîche et plus jolie que jamais.

Pendant les quatre jours que dura le voyage, les mains aimables de frère Ange me firent goûter les plaisirs dont elles étoient les instrumens et les dispensatrices. Nous devions nous séparer le soir, il alloit rejoindre le couvent des capucins à Soissons, où il faisoit sa résidence. À cinq heures de l’après-midi, nous devions passer devant un chemin de traverse que frère Ange devoit prendre pour se rendre à sa destination.

Nous avions une montagne d’une demi-lieue à monter, tout le monde avoit quitté la voiture pour l’alléger ; j’étois restée seule dedans avec le frère Ange, moi parce que nos exercices manuels m’avoient pâlie et changée, et que ma mère craignant que la fatigue ne me fit tomber malade, avoit exigé que j’y restasse ; le révérend, parce que la veille un des chevaux de notre lourde voiture avoit mis son pied sur le sien, et que sans être extrêmement blessé, le frère Ange l’étoit assez pour ne marcher qu’avec difficulté.

Je vais donc être obligé de vous quitter, me dit-il d’un ton douloureux. — Hélas ! j’en suis aussi chagrine que vous. — Aimable Félicité, je regretterai long-tems les doux momens que j’eus avec vous. — Et moi les plaisirs que vous m’avez fait connoître. — Que vais-je devenir ? car il n’est plus tems de dissimuler, je vous adore. Le premier battement de mon cœur fut pour vous, et pour vous sera le dernier ; je sens qu’éloigné de de vous, une prompte mort me délivrera du malheur de ne pouvoir vous consacrer mon existence. À ces mots quelques larmes coulèrent de ses yeux ; il n’y a donc plus d’espérance, repris-je. — Plus d’espérance. — Il n’existe pas de moyens de nous réunir. — J’en connois bien un ; mais il y a si peu d’apparence que vous consentiez à vous en servir, qu’il est presqu’inutile de vous le proposer. — Quel est-il ? — Ah ! pourquoi faut-il que des sermens criminels, arrachés à mon inexpérience, me coûtent le bonheur. — Voyons votre moyen. — Sans ces sermens affreux, sans ces sermens que je déteste, j’aurois pu vous consacrer chaque instant de ma vie. — Mais enfin quel est votre moyen pour nous réunir ? — Avant de vous le dire, permettez-moi une question. — Parlez. — Êtes-vous bien attachée à votre mère ? — Pas d’une manière excessive, tant que je n’ai été qu’un enfant elle m’a témoigné beaucoup d’amitié ; mais depuis que je grandis, elle est sévère pour moi jusqu’à la dureté. — Et votre père ? — Mon père ? Ah !… c’est un bon homme, et voilà tout. — Et...... je n’ose achever ! — Expliquez-vous, de grace ? — Ne consentiriez-vous pas à la quitter pour suivre l’amant le plus tendre ? — Qu’osez-vous me proposer ?.....

Que te dirai-je ? enfin, le frère Ange sut si bien me tourner qu’il m’arracha un consentement, et que je lui promis de n’exister désormais que pour lui.

Il me donna mes instructions ; il devoit, pour éviter tous soupçons, nous quitter où il avoit annoncé, qu’étoit le terme de son voyage. Moi je devois suivre ma mère à Paris, et le lendemain de mon arrivée me rendre seule, le matin, chez une certaine dame Grosset, marchande à la toilette, rue Neuve-Saint-Eustache, près le petit Carreau. Cette dame Grosset devoit me donner les moyens de le rejoindre.

Je ne puis t’exprimer son délire lorsque tous nos arrangemens furent pris, les caresses les plus brûlantes me furent prodiguées ; c’est à cette occasion que je connus la douceur d’un baiser sur la bouche, et le plaisir que fait éprouver l’union de deux langues amoureuses.

L’aimable frère Ange auroit bien voulu me prendre mon pucelage sur-le-champ ; mais une voiture publique est un endroit trop incommode pour une opération de cette nature.

Il se contenta donc de me faire éprouver un genre de jouissance, nouveau pour moi ; il me fit avancer le cul sur le bord du siège, me troussa, me fit mettre les pieds sur les sièges des portières, les genoux élevés et les cuisses dans le plus grand écartement possible. Après avoir pendant quelques instans récréé ses yeux du spectacle de mes appas naissans, il se glissa entre mes jambes, s’agenouilla, et sa langue s’introduisit dans le sanctuaire de l’amour.

Non, il est impossible de peindre l’incendie que ce genre de caresses alluma dans tout mon être. Je remuois le croupion avec tant d’agilité qu’il étoit obligé de me tenir fortement les hanches pour m’empêcher de me dérober aux caresses de la délicieuse langue dont mon amant tonsuré savoit faire un si charmant usage.

Pigault-Lebrun, L’Enfant du bordel, Tomes 1 et 2, 1800, fig., p. 256. Il est impossible de peindre l’incendie que ce genre de Careſse alluma dans tout mon être.
Pigault-Lebrun, L’Enfant du bordel, Tomes 1 et 2, 1800, fig., p. 256. Il est impossible de peindre l’incendie que ce genre de Careſse alluma dans tout mon être.

Nous rajustâmes ensuite nos vêtemens, et lorsque les voyageurs remontèrent dans la voiture, frère Jean lisoit dans un coin, et je dormois dans l’autre. Bref, frère Jean nous quitta le soir, et le lendemain nous arrivâmes à Paris.

Je te fais grace des réflexions aimables ou chagrines que je fis pendant tout ce tems sur ma réunion prochaine avec mon capucin ; vingt fois je fus sur le point d’y renoncer ; mais le souvenir de ses enivrantes caresses étoit un lien qui m’attachoit à lui, et qu’il m’étoit impossible de rompre ; d’ailleurs, je sentois que ces caresses étoient, sans que je m’en apperçusse, devenues un besoin pour moi, et le vide que laissoit dans mon cœur le depart du frère Jean, me faisoit sentir combien sa présence m’étoit nécessaire.

Je pris donc le parti de tenir ma promesse, et le lendemain de mon arrivée, tandis que ma mère étoit allée rendre quelques visites, et renouveler connoissance avec quelques-unes de ses anciennes amies, je me rendis chez madame Grosset. Je ne te ferai point le portrait de cette femme, le vice personnifié n’est pas plus laid qu’elle.

Elle occupoit une boutique de revendeuse ; deux ou trois filles assez gentilles paroissoient s’y occuper de modes ; mais leur véritable métier étoit de donner au public du plaisir pour son argent.

Je demandai timidement à cette femme si elle n’attendoit pas une jeune personne. Oui, me dit-elle, entrez, mon cœur ; et elle me fit passer dans une arrière-boutique, que décoroient deux ou trois lits assez mal-propres. Le frère Ange m’a instruit de tout, me dit madame Grosset, dès que nous fûmes assis ; vos habits sont prêts, vous allez les essayer. Votre place est retenue à la diligence de Soissons, vous partirez cette après-midi, à quatre heures, avec une lettre que je vous donnerai pour le révérend père gardien du couvent des capucins de cette ville. Mais, lui dis-je, madame, quels habits allez vous me donner ? et sous quel titre m’envoyez-vous à Soissons ? Comme enfant de chœur, mon cœur, me dit la vieille maquerelle ; et à l’instant même elle m’exhiba bas, culotte, veste violette, redingotte de même couleur et le reste de l’ajustement. Dans un paquet, elle mit deux soutanes, une noire et une violette, du linge, des bas, souliers, etc. Le tout étoit un peu trop long et un peu trop large ; mais il étoit à présumer que je grandirois. Madame Grosset vouloit aussi me faire couper les cheveux en abbé : comme je les avois fort beaux je m’y opposai ; elle fut obligée de me choisir une des perruques de son magasin ; on la taille : je la mets, et me voilà enfant de chœur.

Je dînai avec madame Grosset, et, à quatre heures, je m’embarquai dans la diligence. Il n’y avoit que quatre voyageurs : une marchande de draps, grosse femme de 45 ans, assez joviale ; son fils grand benêt de 22 ans, aussi neuf et aussi fat que s’il eût pris naissance dans un des magasins de la rue Saint-Denis ; enfin, une allemande, comédienne de profession, nommée mademoiselle Claranson, qui, malgré son accent, alloit chanter les Dugazons dans la bonne ville de Soissons, où les habitans sont connoisseurs comme on ne l’est pas, et ont un théâtre comme on n’en voit nulle part.

Nous devions passer la nuit en diligence et arriver le lendemain, à onze heures, à notre destination. La nuit se passa assez tranquillement, à l’exception de différentes attaques que dirigea mademoiselle Claranson, contre ma pudicité, soit en prenant ma main comme par hasard, soit en posant la sienne sur ma cuisse, et en l’y promenant doucement, soit enfin en profitant d’un sommeil de commande pour poser sa tête sur mon épaule, et fixer une bouche assez fraîche à deux doigts de la mienne ; mais je résistai à toutes ses agaceries ; et Joseph, de chaste mémoire, ne sortit pas plus pur des bras de madame Putiphar, que moi des pièges de la comédienne allemande, qui disoit si galamment, au lieu de voulez-vous bien, foutre vous bien.

Un petit accident nous retarda de quelques heures ; nos postillons qui avoient bu plus que l’ordonnance ne le permettoit, versèrent la diligence dans un fossé. Les deux femmes, qui crurent être tuées, firent des cris affreux, et cependant elles en furent quittes pour montrer leurs culs ; le grand benêt se cassa le nez sur l’épaule de sa maman ; j’eus une écorchure à la jambe. Les postillons, après avoir bien juré, furent chercher du secours ; on releva la lourde voiture, elle roula de nouveau, et, à trois heures après-midi, nous fîmes notre entrée triomphante dans la ville de Soissons.