A. Dragon (p. 9-11).

L’ENFANT


Et durœ quercus sudabunt roscida mella


Dans les batailles lyriques
Que le monde livre à Dieu
Les poëtes magnifiques
Secouent des torches de feu.


Ils voient, dans leurs larges voiles,
Que gonfle le vent des mers,
Descendre avec les étoiles
L’Avenir, père des vers.


À leur voix, les cœurs se lient
Selon leur rythme immortel.
Et les cités multiplient
Se levant à leur appel.



Orphée agitait les pierres,
Pindare dictait des lois,
Saint-Jean cria des prières
Qui firent suer les rois.


Ô femme, mon peuple ignore
Le son de mon âme encor,
Il ne sait pas que j’adore
Dans ta chair la race d’or.


La sainte aristocratie,
Peuple, roule sous tes flots.
Et le cœur de la patrie
Est déchiré de sanglots.


Mais avec le blé qui pousse,
Pour nourrir la nation,
Germe aussi, robuste et douce,
Une génération.