L’Antoniade/L’Enfance


L’Enfance.

À M.***

 
Aimable autant qu’aimante, en sa frêle innocence,
Qu’elle est belle l’enfance et sainte en sa beauté ;
Qu’elle est pleine de grâce et de simplicité,
D’angélique candeur ! — Qu’elle est belle l’enfance !

Respire-t-il un cœur assez dur et glacé
Pour qu’à l’aspect joyeux d’un bel enfant d’élite, —
Aussi chaste que l’Ange à son côté placé, —
Ce cœur, tout attendri, ne s’émeuve et palpite ;

Pour qu’en voyant un front, où rayonne l’esprit,
Comme l’aube inondant un jardin des tropiques,
Ce cœur, illuminé comme un ciel qui sourit,
Ne tressaille, embrasé de rayons prophétiques :


Pour qu’aux signes divins de la précocité,
Du génie en sa fleur, de l’âme en son aurore,
Il ne sente en lui-même une espérance éclore,
Comme en un temple obscur une ardente clarté ?

Ô noble et tendre père, ô douce et chaste mère,
Veillez sur ce trésor, abritez cette fleur ;
Sur ce jeune génie ; épanchez la lumière
Avec des flots d’amour, jaillis de votre cœur !

La voix de la patrie et la voix de l’Église
Vous parlent par ma voix : Veillez sur cet enfant ;
Il est beau l’avenir que je lui prophétise,
L’avenir qui déjà reluit dans le présent !

Cet enfant qui grandit, un jour, sera peut-être
Aux bancs du Capitole un puissant orateur,
Ou bien, Dieu le destine à briller comme prêtre,
S’il n’est pas du pays l’homérique chanteur !

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