L’Encyclopédie/1re édition/VILLICUS

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VILLICUS, (Littér.) quelques commentateurs de Juvénal expliquent le mot villicus par celui de custos, le même que præfectus ou gouverneur. Les autres prétendent que Juvenal emploie satyriquement le terme de villicus, dans sa quatrieme satyre, pour marquer que la cruauté & la tyrannie de Domitien, avoient rendu la ville de Rome si déserte & si dépeuplée par le meurtre d’une infinité de personnes de qualité, que l’on pouvoit alors la regarder plutôt comme une ferme ou maison de campagne de ce prince, que comme la ville capitale du monde, & il paroît que ces derniers entrent mieux que les autres dans l’esprit de ce poëte.

Il est vrai cependant que villicus est un terme latin vague, qui veut dire gardien, intendant, maître, gouverneur ; mais ce terme vague est déterminé par ce qui suit : ainsi Catulle a dit villicus ærarii, pour le garde du trésor, ou l’intendant des finances. Juvenal appelle villicus urbis, le gouverneur de la ville. Horace villicus sylvarum, maître des eaux & forêts, ou intendant des bois. On trouve même dans les anciennes inscriptions villicus ab alimentis, intendant des vivres, & villicus a plumbo, celui qui a soin de fournir le plomb pour un bâtiment ; mais il n’est pas moins vrai que le mot villicus mis seul, signifie un fermier, un métayer, ainsi que villica veut dire une fermiere. De villicus, les Latins ont fait le mot villicor, avoir une ferme, ou métairie, & villicatio, l’administration d’une ferme ou d’une métairie ; tous ces termes sont dérivés de villa, ferme, métairie, maison de campagne. (D. J.)