L’Encyclopédie/1re édition/VERGETTIER
VERGETTIER, s. m. (Art méc.) est l’ouvrier qui fait & vend les vergettes de toutes especes & de toutes matieres ; les balais de poil & de plumes, les houssoirs, &c.
La communauté des Vergettiers est fort ancienne à Paris. Leurs anciens statuts de 1485, sous le regne de Charles VIII. paroissent tirés d’autres plus anciens encore.
Ils ont des nouveaux réglemens, qui sur le visé du roi au châtelet, furent autorisés & confirmés par lettres-patentes de Louis XIV. du mois de Septembre 1659.
C’est par eux que leur communauté continue d’être gouvernée. Ils n’ont reçu d’autres changemens que celui que toutes les communautés d’arts & de métiers ont souffert en 1717, par l’incorporation & l’union des charges crées en titre d’office, pendant les longues guerres du regne de Louis XIV ; comme de jures en 1691, d’auditeurs des comptes en 1694 & de trésoriers-receveurs des deniers communs en 1704 ; mais toutes ces charges ne regardent point la discipline des communautés, & ne font qu’augmenter les droits de réception & de visite.
Il y a dans la communauté des Vergettiers un doyen, deux jurés. Ceux-ci par élection, & celui-là par droit d’ancienneté de jurande. Le doyen préside aux assemblées & y recueille les voix dans les délibérations. Les jurés font les visites, reçoivent les brevets, donnent des lettres de maîtrise, & assignent le chef d’œuvre.
Nul maître n’est reçu à la jurande, qu’il n’ait administré les affaires de la confrairie. L’élection des jurés se fait tous les ans d’un d’eux, en sorte qu’il sont en charge chacun pendant deux ans.
L’apprentissage chez les Vergettiers, est de cinq ans, & les maîtres ne peuvent obliger qu’un apprenti dans l’espace de dix années.
Les veuves de maîtres jouissent des privileges de la maîtrise, si elles ne se remarient point ; mais elles ne peuvent point faire d’apprenti.
Ceux qui ont passé par la jurande, sont sujets à visite comme les autres maîtres. Les archives, ou le coffre des papiers est mis chez le nouveau juré. Ce coffre a trois clés, que le doyen, l’ancien juré & l’ancien administrateur de la confrairie, partagent entre eux.
Les Vergettiers peuvent vendre des soies de porc, de sanglier, du rouge d’Angleterre, des bouis, des compas à l’usage des Cordonniers, des Bourreliers.
Si la propreté est comme on n’en peut guere douter, essentiellement nécessaire à la santé, & pour relever & soutenir les graces du corps, l’art des Vegettiers ne peut être que très-utile à la société ; mais l’usage universel qu’on fait de ses ouvrages, en fait mieux l’éloge que ce que je pourrois en dire ici.