L’Encyclopédie/1re édition/VELOUTÉ

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VELOUTÉ, adj. (Gram.) il se dit de tout ce qui a, soit à l’œil, soit au toucher, l’apparence du velours.

Velouté, (Joaillerie.) il se dit des couleurs des pierreries qui sont brunes & foncées, particulierement des rubis & des saphirs, quand les uns sont d’un rouge-brun, & les autres d’un bleu-foncé. (D. J.)

Velouté, ce qui est fait en maniere de velours. Le velouté d’un gallon est la laine ou la soie qui en forment les compartimens, quand elles sont coupées, comme au velours, avec la regle cannelée de cuivre.

Veloutée (,Anat.) est le nom qui se donne en particulier à une des membranes de l’estomac ; laquelle se nomme en latin crusta villosa. Voyez les Pl. d’Anat. Splanch. Voyez aussi Estomac.

Elle tire son nom d’une multitude innombrable de poils ou fibriles, dont sa surface interne est garnie, & qui forment comme une espece de velours. Voyez Crusta villosa.

Veloutée, tunique des intestins, (Anatomie.) la tunique veloutée des intestins est la premiere tunique interne des intestins grèles, dans laquelle le chyle est renfermé. On la nomme tunique veloutée ou tunique villeuse, à cause de certains poils semblables à ceux du velours, dont elle paroît couverte ; ces poils sont plutôt des mamellons latéralement applatis, en partie simples & unis, en partie composés & comme branchus, selon l’observation de M. Helvétius, insérée dans les mémoires de l’académie des Sciences, année 1721. Quand on examine ces poils apparens avec une bonne loupe, on y découvre une infinité de pores, & ils paroissent comme de petites éponges.

La tunique veloutée est vaste, de couleur cendrée, remplie, comme nous venons de le dire des mamellons ou papilles ; elle est percée de tuyaux aqueux & muqueux, de vaisseaux lactés, de grands pores distingués des autres conduits, qui s’ouvrent au même endroit ; elle est humectée & lubréfiée continuellement d’humeurs aqueuses & glutineuses.

Elle est trois fois plus longue que la tunique nerveuse, qui est immédiatement couchée sur elle, surtout dans l’intestin nommé jejunum, où elle se replie, s’éleve, forme des valvules, & en conséquence est fort ridée, principalement où la tunique vasculeuse, glanduleuse & nerveuse, est attachée au mésentere, par sa partie convexe. De-là le chyle & les excrémens sont partout sans-cesse arrêtés, les matieres les plus épaisses sont continuellement délayées, surtout vers la fin de l’ileum ; les excrémens qui s’y épaississent, sont enduits d’humeurs onctueuses ; les choses âcres y produisent un sentiment très-douloureux ; elle éprouve en conséquence une irritation vive, quand la nature veut les expulser, & un resserrement dans les vaisseaux absorbans, qui empêche ces matieres âcres de pénétrer dans les parties intérieures du corps.

La membrane veloutée des intestins, se trouvant plus exposée à l’action des liqueurs aqueuses est fournie d’une plus grande quantité de sucs nécessaires pour la défendre de leur action, & se conserve dans un état naturel, tant qu’elle est enduite de sa mucosité ; toutes les fois que cette mucosité est emportée trop rapidement, comme il arrive dans les diarrhées & les dissenteries ; ou lorsqu’elle n’est pas séparée en une suffisante quantité, comme il arrive dans les inflammations & les autres obstructions des vaisseaux des intestins, il est aisé de juger des suites que peut avoir un accident de cette espece, & combien les médecins doivent s’attacher à suppléer par le moyen de l’art à ce qui manque alors à la nature.

Mais le phénomene le plus surprenant, & celui dont on parle le moins, est l’épaississement qui arrive quelquefois à la tunique veloutée des intestins, lorsqu’un corps dur est logé pendant un tems considérable dans quelqu’endroit particulier de ce conduit. Voyez à ce sujet les observation de médec. d’Edimbourg, tome IV.

Comme nous ne pouvons entrer dans ce détail, nous nous contenterons de finir par indiquer en deux mots l’usage de la tunique veloutée des intestins. Elle sert à couvrir les orifices des vaisseaux, à les défendre contre les effets nuisibles des matieres qui peuvent passer ou être contenues dans le conduit intestinal, & à transmettre ses impressions à la tunique nerveuse. (D. J.)