L’Encyclopédie/1re édition/VALS, eaux de
VALS, eaux de, (Hist. nat. des eaux minérales.) eaux minérales de France en Languedoc. On les va prendre dans les mois de Juin, de Juillet & d’Août, & la mode capricieuse est aujourd’hui venue de les prescrire fréquemment, & d’en transporter à Paris & ailleurs.
Le petit bourg qui donne son nom à ces eaux minérales est dans le Vivarais, à 5 lieues du Rhône, & près du torrent de la Volane, au fond d’un vallon. Ce bourg est environné de côteaux fertiles en blé & en vignes.
Les fontaines minérales sont à deux portées de mousquet du bourg près du torrent. L’une de ces sources, appellée la Marie, est du côté du bourg. Les autres, appellées la Marquise, la S. Jean, la Camuse & la Dominique, sont de l’autre côté du ruisseau.
L’eau de la Marie est froide, limpide, aigrelette & diurétique. Elle donne une teinture orangée à la noix-de-galle, & une couleur de vin rouge à la teinture de tournesol. Le sel qu’on en retire par évaporation à la quantité d’environ une drachme sur douze onces d’eau, est nitreux & fermente avec les acides.
L’eau de la Marquise est plutôt salée qu’aigrelette. La teinture qu’elle fournit à la noix-de-galle, approche assez de celle que lui donne la Marie, mais elle donne la teinture de vin plus paillet à l’eau colorée par le tournesol. Le résidu est de même nature que celui de la Marie, seulement en plus grande quantité. La source de cette eau sort entre des fentes de rocher, & est peu considérable.
L’eau de la fontaine S. Jean ne differe de la précédente que par un goût un peu plus stiptique.
La source Camuse, découverte par un médecin nommé le Camus, semble avoir encore moins d’acidité & plus de salure. La rouille qui est dans son canal d’écoulement est aussi plus rougeâtre, du reste elle fait les mêmes changemens avec la noix-de-galle & la teinture de tournesol.
Les sels de ces quatre fontaines, soit le naturel qui se trouve sur les rochers, soit l’artificiel qui se tire par l’évaporation, étant dissous dans un peu d’eau, font une grande effervescence avec l’esprit de vitriol. Ils ne pétillent point sur les charbons allumés, & ne changent point de couleur ; mais ces sels jettés dans le sirop violat, le rendent aussi verd que fait le sel de tartre.
La source Dominique, ainsi nommée d’un jacobin qui l’a découverte, est la moins abondante de toutes. Elle est âpre, vitriolique & desagréable à l’estomac. Le résidu qu’on en tire est en petite quantité ; une livre d’eau ne produisant que huit ou dix grains d’un sel grisâtre, & qui semble un vitriol légerement calciné. La noix-de-galle procure à cette eau une couleur bien différente de celle que lui donnent les eaux des autres fontaines, savoir une couleur bleuâtre & fort peu foncée. Elle rougit aussi la teinture du tournesol d’un rouge beaucoup plus opaque, & le sel de tartre a de la peine à faire revenir cette teinture dans sa couleur de pourpre. Cette eau opere par les vomissemens. (D. J.)