L’Encyclopédie/1re édition/VACUNE

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VACUNE, s. f. vacuna, (Mythologie.) divinité des Romains, déesse des vacations ; elle étoit particulierement honorée par les gens de la campagne, & présidoit sur ceux qui étoient, pour ainsi dire, en vacances, & qui se reposoient de leurs travaux. Les Latins formerent son nom du verbe vacare, qui signifie se reposer, être de loisir. Sa fête se célébroit au mois de Décembre. Les laboureurs lui adressoient leurs prieres pendant qu’ils cultivoient leurs terres ; & lorsque la saison de l’hiver venoit à leur donner du repos, ils s’acquittoient de leurs vœux par les sacrifices que leur permettoit leur état. Cet usage n’étoit point encore aboli du tems d’Ovide qui en fait mention dans le VI. liv. de ses fastes.

Nam quoque cùm fiunt antiquæ sacra vacunae,
Ante vacunales stantque, sedentque focos.

Aujourd’hui même, dit-il, quand on célebre la fête de l’ancienne vacune, les villageois sont assis devant le foyer de cette déesse.

Le culte de vacuna étoit très-ancien dans l’Italie, & s’y étoit établi chez les Sabins long-tems avant la fondation de Rome. Elle avoit un temple sur le mont Ficellus, aux confins de Picenum, vers les sources du Nar. Elle en avoit une autre entre Caspérie & Ocricule, avec un bois & une ville du même nom, qui subsiste encore en partie. Pline, liv. III. c. xij. nous parle des bois magnifiques qu’on lui avoit consacrés dans le territoire de Rieti.

Les uns prennent la vacuna des Sabins pour Diane, Vénus ou Cérès, d’autres pour Bellone ou la Victoire. Varron prétend que c’étoit Minerve, parce que l’étude de la sagesse demande un grand loisir ; mais cette idée n’est qu’un jeu d’esprit. (D. J.)