L’Encyclopédie/1re édition/UZERCHE

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UZERCHE, (Géog. mod.) en latin barbare Uzerca ; petite ville de France, dans le bas-Limousin, au diocèse & à 11 lieues sud-est de Limoges, & au midi de Brive sur la Vezère. Elle n’a qu’une rue bordée d’assez jolies maisons, & une abbaye d’hommes de l’ordre de saint-Benoît. Longit. 19. 20. latit. 46. 24.

Grenaille (François de) né à Uzerche l’an 1616, entra d’abord dans l’état monastique, & le quitta bientôt après. Il fit plusieurs petits livres francois qui ne valent pas grand’chose. Voici ce qu’on en dit dans le Sorbériana. p. 150.

« Il y avoit à Paris un certain Grenaille, sieur de Chateaunieres, limousin, jeune homme de 26 ans, qui décocha tout-à-coup une prodigieuse quantité de livres, dont il nomma les uns, l’honnête fille, l’honnête veuve, l’honnête garçon ; les autres la bibliotheques des dames. Dans les plaisirs des dames, ce que je trouvois de louable, étoit qu’apparamment un homme de cet âge avoit demeuré dans le cabinet, & s’étoit abstenu de plusieurs débauches pour composer des livres ; mais au-reste les bonnes choses y étoient fort rares, & ce qu’il y en avoit de bonnes avoient été déja dites si souvent, que ce n’étoit pas grande gloire de les répéter : le style étoit assez fade, & faisoit juger de l’auteur, qu’il n’écrivoit que pour écrire. Son livre des plaisirs des dames est divisé en cinq parties, du bouquet, du bal, du cours, du concert, de la colation. D’abord il traite la question, si c’est le bouquet qui orne le sein, ou si au-contraire, c’est lui qui emprunte de lui toute sa grace ; sur quoi il juge en faveur du dernier, estimant que des deux hémispheres de la gorge d’une dame, il sort une influence qui anime le bouquet, & le rend non-seulement plus beau, mais de plus de durée.

« C’est, continue Sorbiere, de ces belles pensées qu’il espere l’immortalité, ayant paré le frontispice de tous ces livres de sa taille-douce, avec l’inscription orgueilleuse : Hâc evadimus immortales ». M. Guéretne lui pardonne pas dans sa guerre des auteurs. « On veut bien vous laisser, dit-il, votre relation de la révolution du Portugal, à la charge d’en ôter votre portrait, dont l’inscription est trop fanfaronne pour un auteur comme vous. Si vous n’y aviez marqué que le lieu de votre naissance, & que vous vous fussiez contenté d’y joindre, que vous vous êtes fait moine à Bordeaux, & que vous jettâtes le froc à Agen, on l’auroit souffert : mais vous y ajoutez que vous vous êtes rendu immortel à Paris ; c’est un article qui n’a rien de la vérité des trois précédens, & sous le bon plaisir d’Apollon, il sera rayé. (Le chevalier de Jaucourt.) »