L’Encyclopédie/1re édition/UPSAL

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UPSAL, (Géog. mod.) ville de Suede, dans l’Uplande, sur la riviere de Sala, à 12 lieues au nord-ouest de Stokholm.

Ubbon qui regna sur les Suedois, fonda la ville d’Upsal, & lui donna son nom ; elle donna ensuite le sien aux rois de Suede, qui se qualifierent rois d’Upsal ; elle devint ainsi la capitale du royaume, & c’est encore le lieu où l’on couronne les rois. Cette ville, dit un historien du pays, ne fut pas seulement dès ses commencemens, la demeure des hommes, des princes & des rois, mais encore celle des grands-prêtres des Goths, & celle de leurs dieux à qui elle fut consacrée.

Elle n’a d’autres fortifications qu’un château bâti sur un rocher. La Sala qui la partage en deux, s’y gele presque toujours assez fortement pour porter une grande quantité d’hommes, de bétail & de marchandises dans le tems de la foire qui s’y tient tous les ans sur la glace au mois de Février.

La cathédrale d’Upsal est la plus belle église du royaume. Le bâtiment tout couvert de cuivre est orné de plusieurs tours, & renferme les tombeaux de plusieurs rois, d’archevêques, d’évêques & de seigneurs.

S. Suffrid, archevêque d’York, que Eldre, roi d’Angleterre, envoya en Suede pour y prêcher l’évangile, le fit avec succès, & sacra Suerin, quatrieme évêque d’Upsal. L’église fut érigée en archevêché par le pape Aléxandre III. & Etienne qui mourut en 1185, en fut le premier archevêque. Les prélats de cette église n’ont aujourd’hui ni les richesses ni la pompe de ceux qui les ont précédés quand le pays étoit catholique ; mais les archevêques luthériens d’Upsal ne laissent pas que de jouir d’un revenu honnête, d’avoir séance & voix dans le sénat & dans les dietes, de prendre le pas sur tous les autres ecclésiastiques, & ce qui vaut mieux encore, d’être fort honorés dans le royaume.

Le college d’Upsal fondé pour quatre professeurs, par l’archevêque Jerler, du tems du roi Eric-le-Begue, donna naissance à l’université que le pape Sixte IV. honora en 1476 des mêmes immunités & privileges, dont jouit l’université de Boulogne. Charles IX. Gustave Adolphe, & la reine Christine, prirent soin de rendre cette université florissante, elle l’est encore. Long. suivant Cassini, 37. 25. latit. 59. 34. & suivant Celsius, 59. 50. 20.

« C’est à Upsal que fut inhumé Gustave Ericson, roi de Suede, mort à Stockolm dans la 70e année de son âge. Il mérita d’être adoré de ses sujets, soit que l’on considere la situation dont il les tira, ou celle dans laquelle il eut la gloire de les laisser. Sa fermeté fut admirable contre les malheurs. Il suivit toujours ses desseins en dépit des élémens, des lieux & des hommes les plus cruels & les plus puissans ; ses soldats étoient des volontaires sans solde, & qui n’avoient d’autre subordination que celle que leur dictoit leur vénération pour leur chef.

» Gustave établit la religion luthérienne dans ses états, il mit par-là des bornes au pouvoir & aux richesses immenses du clergé, & se fit un fonds suffisant pour les dépenses publiques, autre que celui des taxes qui ruinoient le peuple, en le privant du fruit de son labeur ; ennemi de toute esprit de persécution, il toléra les préjugés de ses sujets, & il aima mieux persuader leur raison, que de forcer leur conscience.

» Ses mœurs répondirent à ses sentimens, & les graces de sa personne inspirerent l’amour & le respect. Il étoit éloquent, insinuant, affable, & son exemple adoucit la férocité de ses sujets. Il les enrichit en étendant beaucoup leur commerce. Il recompensa les savans, fonda des magasins publics pour secourir les pauvres, & des hôpitaux pour les malades. Toutes ces choses ont éternisé la mémoire de ce prince. » (Le chev. de Jaucourt.)