L’Encyclopédie/1re édition/UMBRIE

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UMBRIE, Umbria, (Géog. anc.) contrée d’Italie, bornée au nord par le fleuve Rubicon, à l’orient par la mer Supérieure & par le Picenum ; au midi encore par le Picenum & par le Nar ; au couchant, par l’Etrurie, dont elle étoit séparée par le Tibre.

Cette contrée qui étoit partagée en deux par l’Apennin, est appellée par les Grecs ὀμβρικὴ, du mot ὄμβρος, imber, à cause des pluies qui avoient inondé le pays. Pline, l. III. ch. xiv. appuie cette origine ; Umbrorum gens antiquissima Italiae existimatur, ut quos Umbrios à gracis putent dictos, quod inundatione terrarum umbribus superfuissent.

Solin dit, que d’autres ont prétendu que les Umbres étoient descendus des anciens Gaulois : c’est ce qui ne seroit pas aisé à prouver. On pourroit dire néanmoins avec fondement, que les Sénonois habiterent la partie maritime de l’Umbrie, depuis la mer jusqu’à l’Apennin, & qu’ils se mêlerent avec les Umbres : mais les Sénonois ne furent pas les premiers des Gaulois qui passerent en Italie.

Quoi qu’il en soit, les auteurs latins ont tous écrit le nom de cette contrée par un u, & non par un o, comme les Grecs. Etienne le géographe en fait la remarque. Après avoir dit, le peuple étoit appellé Ὄμβρικοι, Ombrici ; & Ὄμβροι, Ombri ; il ajoute λέγονται Οὖμβροι παρὰ τοῖς Ἰταλικοῖς συγγραφεῦσι, dicuntur ab Italis scriptoribus Umbri.

L’Umbrie étoit la patrie de Properce, & il nous l’apprend lui-même au premier livre de ses élégies :

Pioxima supposito contingens Umbria campo
Me genuit terris fertilis uberibus.

On dit au pluriel, Umbri, & au singulier, Umber, selon ces vers de Catulle, in egnatium.

Si Urbanus esses, aut Sabinus, aut Tyburs
Aut parcus Umber, aut obesus Hetruscus.

On voit la même chose dans une inscription de Préneste, rapportée par Gruter, p. 72. n. 5.

Quos Umber sulcare solet, quos
Tuscus arator.

L’Umbrie maritime, ou du-moins la plus grande partie de ce quartier, qui avoit été habitée par les Galois Sénonois, conserva toujours le nom d’Ager gallicus ou gallicanus, après même que le pays eut été restitué à ses premiers habitans ; c’est ce qui fait que Tite-Live, l. XXXIX. c. lxiv. dit coloniæ duæ potentia in Picenum, Pisaurum in gallicum agrum deductæ sunt. (D. J.)