L’Encyclopédie/1re édition/TROCHUS

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TROCHUS, (Gymnas. médic.) Mercurialis qui a beaucoup parlé du trochus, avoue qu’il est très-difficile de s’en former une idée bien claire. Il croit qu’il y en avoit de deux especes ; l’une en usage pour les Grecs, & l’autre pour les Romains.

L’exercice du trochus ou cerceau étoit divisé en deux espèces, tant parmi les Grecs que parmi les Romains. La premiere étoit nommée par les Grecs κρικελασία, qui veut dire agitation du cerceau, suivant Oribase l. collect. VI. ad Julian. Celui qui devoit faire cet exercice, prenoit un grand cercle autour duquel rouloient plusieurs anneaux, & dont la hauteur alloit jusqu’à l’estomac. Il l’agitoit par le moyen d’une baguette de fer à manche de bois. Il ne le faisoit pas rouler sur la terre ; car les anneaux insérés dans la circonférence ne l’auroient pas permis, mais il l’élevoit en l’air, & le faisoit tourner au-dessus de sa tête, en le dirigeant avec sa baguette : voilà pourquoi Oribase dit qu’on n’agitoit pas le cerceau suivant sa hauteur, mais transversalement.

Le mouvement communiqué au cerceau étoit quelquefois très-rapide ; & alors on n’entendoit pas le bruit des anneaux qui rouloient dans la circonférence. D’autres fois on l’agitoit avec moins de violence, afin que le son des petits anneaux produisît dans l’ame un plaisir qui procurât un agréable délassement. Cette réflexion d’Oribase nous apprend que le jeu du cerceau étoit regardé comme un exercice très-capable de contribuer en amusant à la santé du corps. Il y en avoit une seconde espece, dans laquelle au-lieu de se servir d’un grand cercle, on en employoit un beaucoup plus petit. Il paroît que c’est proprement le trochus des Grecs & des Romains.

Xénophon nous en apprend l’usage, en parlant d’une danseuse qui prenoit à la main douze de ces cerceaux, les jettoit en l’air, & les recevoit en dansant au son d’une flûte. Il n’est point parlé dans ce passage des petits anneaux insérés dans la circonférence du trochus : mais il en est fait mention dans plusieurs épigrammes de Martial.

Les deux espèces de cerceaux dont on vient de parler, ne différoient entre eux que par la grandeur. On les distingue avec peine, quand ils sont simplement représentés sur des bas-reliefs. Mercurialis en a fait graver un, dont Ligorius lui avoit envoyé le dessein, d’après un monument élevé en l’honneur d’un comédien. La circonférence est chargée de huit anneaux, à l’un desquels est attachée une sonnette, & outre cela de neuf fiches ou chevilles, qui fort lâches dans leurs trous, augmentoient le bruit des anneaux, & produisoient le même son que les baguettes qui traversoient les sistres.

Sur un tombeau gravé dans le recueil de Pietro-Santi Bartoli, on voit un cerceau qui a des anneaux, des chevilles, & de plus un oiseau qui paroît y être attaché : singularité qui ne donneroit lieu qu’à des conjectures bien vagues. (D. J.)