L’Encyclopédie/1re édition/TRANSILVANIE

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TRANSILVANIE, (Géog. mod.) principauté d’Europe, & l’une des annexes de la Hongrie. Elle est bornée au nord, partie par la Pologne, partie par la Moldavie, au midi par la Valachie, au levant par la Moldavie, & au couchant par la haute & la basse Hongrie. L’air de ce pays est très-chaud en été, & le froid très-violent pendant l’hiver. Le terroir produit le meilleur froment de l’Europe, & les vins que l’on y recueille ne cedent guere en bonté à ceux de Hongrie. Les montagnes renferment des mines de fer & de sel. Les bois sont remplis de cerfs, de daims, d’ours, &c. Les principales rivieres sont la Chrisio, l’Alt ou l’Olt, le grand & le petit Samos ; mais leurs eaux sont mauvaises à boire, parce qu’elles passent par des mines d’alun & de mercure qui leur communiquent une qualité pernicieuse.

Quelques-uns divisent ce pays par ses comtés au nombre de vingt-huit, & les autres par les trois sortes de peuples qui l’habitent ; savoir les Hongrois, les Valaques & les Saxons. Les Hongrois sont particulierement fixés sur les bords de la Marisch ; les Valaques habitent la partie qui est contiguë à la Moldavie & à la Russie, & les Saxons occupent le reste ; mais la Transilvanie dépend toute entiere de la maison d’Autriche depuis 1699, & a pour capitale Hermanstat.

Ce pays est la portion de l’ancienne Dace, que le fleuve Chrysius séparoit de la Hongrie, & que l’on nommoit communément la Dace méditerranée. C’étoit un royaume avant que les Romains s’en fussent rendus les maîtres. Les lettres & les lois des Grecs s’y étoient introduites depuis long-tems. Elles s’y conserverent jusqu’à l’arrivée de Trajan qui pénétra dans ce pays, malgré la situation & les défilés des montagnes qui l’entourent. Lorsque les Romains l’eurent conquise, ils y fonderent plusieurs colonies, & en firent une province consulaire. On a une ancienne inscription conçue en ces termes : Colonia Ulpia Trajana Augusta Dacia Zarmis.

Quoique la Dace alpense & ripense eussent leurs chefs, elles dépendoient néanmoins de la consulaire, & toutes les trois ensemble étoient sous le préfet de Macédoine, qui résidoit à Thessalonique. C’est à lui qu’on envoyoit les deniers publics, ainsi que l’or & l’argent qui se tiroit des mines. La Dace appartenoit à l’Illyrie orientale. Elle commença sous Gallien à secouer le joug. L’empereur Aurelien désespérant de pouvoir la contenir dans l’obéissance, en retira les troupes romaines, & le pays redevint libre. Plusieurs inscriptions, les chemins publics, les restes du pont de Trajan, & d’autres anciens monumens sont des preuves des colonies que les anciens Romains avoient établies dans cette province.

Les empereurs de Constantinople, après le partage de l’empire, furent maîtres de la Dace ; mais les affaires de l’empire allant en décadence, les Huns y firent des irruptions de toutes parts. S. Etienne, premier roi de Hongrie, conquit le pays vers l’an 1001, & y répandit le christianisme. Alors la Transilvanie fut jointe au royaume de Hongrie, & à quelques soulevemens près, qui n’ont pas été de longue durée, elle a toujours été sous le commandement d’un vaivode ou vice roi ; mais la religion y a éprouvé des vicissitudes. Etienne & Sigismond Battori ont fait de grands efforts pour y établir la religion catholique ; cependant la plûpart des habitans sont demeurés dans la religion protestante, & ils font encore aujourd’hui le plus grand nombre. (D. J.)