L’Encyclopédie/1re édition/TRACANOIR

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TRACANOIR, c’est, en terme de Boutonnier, un chassis de deux montans percés de distance en distance de trous vis-à-vis l’un de l’autre, dans lesquels entrent des broches garnies d’une ou plusieurs bobines qui se mettent en-dedans quand la broche a passé dans un des montans. Ces montans sont arrêtés par en bas sur une espèce de ban à rebords un peu élevés, & par en haut d’une traverse qui leur est solidement attachée. Autour de cette machine, environ à 2 piés d’elle, tant sur les côtés qu’en haut, sont deux autres montans mis à plat contre le mur, garnis de plusieurs chevilles qui se répondent les unes aux autres, & une autre en-travers, dont les chevilles sont placées de deux en deux à plus grandes distances. Cette machine sert à donner les longueurs & le poids pour les différens fils d’or. Ceux qui des deux premieres chevilles des montans se replient triangulairement sur celle du milieu de la traverse, sont de telle longueur & de tel poids ; ceux qui des secondes chevilles des montans se replient triangulairement sur la cheville de devant, celle du milieu, sont d’une autre longueur & d’un autre poids, ainsi du reste, en montant sur les rateliers latéraux, & en diminuant ou en augmentant sur le transversal ; c’est à l’ouvrier, à fixer ces différences dans les longueurs & dans le poids, en essayant ce que telles ou telles combinaisons peuvent lui rendre dans tel emplacement. Ces expériences une fois exactement faites, il n’a plus qu’à monter sa machine & l’étudier pour se ressouvenir de ses produits : on appelle monter son ouvrage en tournant ces fils sur deux de ces chevilles latérales, & qui se répondent en les y séparant en trois, quatre ou cinq fils, selon qu’on veut en mettre, plus ou moins, sur les fuseaux ; quant aux chevilles transversales, on y conduit les mêmes fils, mais sans les en séparer ; on commence à les relever sur une des chevilles latérales à droite, qui forme le pli de ces fils ; après les avoir attachés par ce fil au fuseau avec une petite ficelle qui y tient toujours ; on les y devide en débarrassant la cheville latérale à gauche, & allant jusqu’à la transversale ; alors on noue au fuseau les brins un peu au-dessous de cette cheville, & quand ils sont tous dévidés de cette sorte sur les fuseaux, on coupe les brins à-peu-près à la même hauteur, & ce qui reste entortillé sur cette cheville transversale, est précisément ce qu’il a fallu mettre de trop dans la longueur & dans le poids, & est jetté aux déchets.

Tracanoir, en terme de Fileur d’or, est un banc sur lequel sont emboités deux montans, affermis par en-haut avec une traverse. Il y a quelquefois vers le milieu de leur hauteur, une broche de fer passée de l’un à l’autre, où l’on met le bois ; mais l’on se sert plus communément d’une ficelle, qui paroît d’autant plus commode qu’on peut tracanner avec elle sans faire aucun bruit.