L’Encyclopédie/1re édition/TRÉPAS, MORT, DÉCÈS

◄  TRÉPANER

TRÉPAS, MORT, DÉCÈS, (Synonym.) trépas est poétique, & emporte dans son idée le passage d’une vie à l’autre. Mort est du style ordinaire, & signifie précisément la cessation de vivre. Décès est d’un style plus recherché, tenant un peu de l’usage du palais, & marque proprement le retranchement du nombre des mortels. Le second de ces mots se dit à l’égard de toutes sortes d’animaux ; & les deux autres ne se disent qu’à l’égard de l’homme. Un trépas glorieux est préférable à une vie honteuse. La mort est le terme commun de tout ce qui est animé sur la terre. Toute succession n’est ouverte qu’au moment du décès.

Le trépas ne présente rien de laid à l’imagination, il peut même faire envisager quelque chose de gracieux dans l’éternité. Le décès ne fait naître que l’idée d’une peine causée par la séparation des personnes auxquelles on étoit attaché ; mais la mort douloureuse de ces personnes présente quelque chose d’affreux. Girard. (D. J.)

Trépas de Loire, (Finances de France.) bureau de France où l’on fait payer le droit de la traite-foraine, à l’embouchure de la Sarre dans la Loire. Apparemment que ce mot trépas est dit par corruption de outrepasser, parce que ce droit se paie sur les marchandises qui passent outre la Loire, & qui vont en Bretagne, qui étoit autrefois province étrangere.

En 1639, Christomwal capitaine anglois, s’empara de l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire, où il se fortifia. Le connetable du Guesclin, après des tentatives inutiles pour l’en chasser, traita avec lui de la rançon de cette abbaye, à 16 mille francs d’or, dont il consentit avec le sieur Dubeuil une obligation au capitaine anglois. Pour la payer, on établit un peage de douze deniers par livre, de la valeur de toutes les marchandises montant, descendant & traversant la Loire depuis Candé jusqu’à Chantoceaux. Il devoit être éteint dès que la somme seroit remboursée ; mais cette promesse fut oubliée : la seule grace qu’on accorda, fut de réduire ce péage en 1654 à deux deniers obole.

En 1665, ce droit fut continué, sans aucune justice, par un arrêt du conseil, avec une nouvelle imposition sur l’Anjou ; le tout fut uni aux fermes générales, & depuis aliéné, comme il l’est encore aujourd’hui ; l’extension arbitraire que les engagistes ont donnée à ce droit, les procès & les formalités qui en résultent, ont prodigieusement affoibli le commerce de ces cantons. Les receveurs du trépas de Loire, par exemple, se sont avancés jusque dans la Bretagne, où le droit n’est point dû : enfin leurs tarifs sont falsifiés & contraires aux premiers principes du commerce. (D. J.)