L’Encyclopédie/1re édition/TOURNE-BROCHE

TOURNE-BROCHE, ustencile de cuisine, qui sert à donner à une broche un mouvement moderé, & entretenu par un pois qui met en jeu plusieurs roues, à l’une desquelles est attachée une poulie qui retient une ou plusieurs chaînes qui répondent aux broches, & leurs communiquent le mouvement qu’elles ont reçu des roues. Cette machine est composée de trois roues qui ont chacune leur pignon, d’un rouleau, d’une cage & d’un volant. La premiere de ces roues se nomme grande roue ; son arbre est revêtu d’un rouleau de bois, partagé en deux parties, sur lesquelles sont deux cordes qui vont en sens contraire. La premiere qu’on peut appeller corde du poids, se devide & se déroule en descendant, pendant que la seconde que nous nommerons corde de remontoir, se roule & s’entortille au-tour du rouleau, garni d’un ressort qui le retient à une des croisées de la grande roue, lorsqu’on a suffisamment remonté le poids ; immédiatement au-dessus du même côté, est un second pignon qui s’engrene dans une autre qu’on nomme seconde roue, qui va répondre au pignon de la roue de champ. Celle-ci est placée environ vers le milieu de la cage, au-dessous du volant ; ses dents renversées de côté, s’accrochent aussi dans celles du pignon du volant, & le fait tourner. Toutes ses roues ont chacune leur arbre qui s’emboëte latéralement dans les montans de la cage, de façon néanmoins qu’il puisse y jouer aisément. Cette cage du chassis soutient & renferme tout l’ouvrage, excepté le volant qui est au-dessus, & la traverse par un trou qui y est pratiqué.

Toutes ces roues ont une grandeur proportionnée à la vîtesse de leur mouvement, qui est plus lent dans la grande que dans seconde roue, & dans la roue de champ que dans le volant.

On fait des tournebroches à main, qui sont placés seulement à hauteur d’homme, & se remontent par le moyen d’une manivelle qui s’emmanche dans l’arbre du pignon d’une quatrieme roue, qu’on appelle roue de remontoir, & qui est vis à-vis la grande roue. Dans ces tournebroches, le rouleau n’est revêtu que d’une corde qui soutient le poids, & qu’on retourne sur lui-même en sens contraire.

Il y a encore des tournebroches à fumée, qui meuvent sans poids, & par la seule action de la fumée sur le volant ; on peut voir tous ces différens tournebroches dans le Spectacle de la nature, art. de la nourriture de l’homme.