L’Encyclopédie/1re édition/THALAME
THALAME, (Géog. anc.) selon Polybe, & Thalamæ selon Pausanias, ville du Péloponnèse. Polybe la met au nombre des villes des Eleuthérolacones ; ce qui sembleroit dire qu’elle n’étoit pas éloignée du golfe Argolique : car Pausanias met les Eleuthérolacones sur la côte ; mais Polybe, in excerpt. Valesianis, ex l. XVI. donne lui-même à Thalame, une position bien différente. L’Eurotas, dit-il, & le territoire des Sellasiens sont situés à l’orient d’été de la ville de Sparte ; & Thalamoe, Fheræ, & le fleuve Pamisus, sont au couchant d’hiver : ainsi Thalame devoit être entre l’Eurotas & le Pamisus.
Selon Pausanias, l. III. c. xxvj. cette ville étoit à près de quatre-vingt stades d’Oetylus, & à vingt stades de Pephnus. Comme dans un autre endroit Pausanias dit que Thalamæ étoit une ville de Messénie, quelques-uns ont cru qu’il y avoit deux villes de même nom ; l’une dans la Laconie, l’autre dans la Messénie : & Ortelius semble même en admettre trois ; savoir, deux dans la Laconie, & une dans la Messénie. Mais je croirois plutôt que ce n’est que la même ville, dont Pausanias parle dans trois endroits de sa description de la Laconie.
Quoi qu’il en soit, il y avoit à Thalame de Laconie, un temple & un oracle de Pasiphaë. On alloit coucher dans ce temple, & la nuit la déesse faisoit voir en songe tout ce qu’on vouloit savoir. Les uns prennent Pasiphaë pour la fille d’Atlas ; & d’autres pour Cassandre fille de Priam, qui se retira à Thalame après la prise de Troie, & y porta le nom de Pasiphaë, parce qu’elle faisoit des prédictions à tous ceux qui se présentoient ; car c’est ce que signifie son nom. On pourroit encore dire avec plusieurs, que cette Pasiphaë est la même que Daphné, qui ayant pris la fuite pour éviter les poursuites d’Apollon, fut changée en laurier, & reçut de ce dieu le pouvoir de prédire l’avenir. Quelle que soit celle qui rendoit l’oracle, il est certain qu’elle fut d’un grand secours au roi Agis, quand il essaya de remettre le peuple sur le pié où il avoit été, lorsque les lois de Lycurgue, abolies de son tems, étoient en vigueur. (D. J.)