L’Encyclopédie/1re édition/TERENTE

TERENTE, (Géog. anc.) Terentum ; lieu d’Italie, dans le champ de Mars, près du Tibre, selon Valere Maxime, liv. II. c. jv. car le champ de Mars, comme nous l’apprend Tite-Live, étoit autrefois hors de Rome. Servius dit qu’on donnoit aussi le nom de Terentum à une certaine partie du Tibre dans Rome, sans doute après que le champ de Mars eut été renfermé dans cette capitale ; Martial, Epigr. l. epist. lx. au-lieu de Terentum, se sert du pluriel Terenti :

Cæpit, maxime, Pana, quæ solebat
Nunc ostendere canium Terentos.

Il emploie pourtant le même mot au singulier, liv. X. epist. lxiij.

Bis mea romano spectata est vita Terento.

Et Ausone, liv. IV. epigr. j. dit Terentus pour Terentum :

Et quæ Romuleus sacra Terentus habet. (D. J.)

Térente, s. m. (Antiq. rom.) Terentus, lieu dans le champ de Mars assez près du capitole, où étoit le temple de Pluton & de Consus, & un autel souterrein consacré à Pluton & à Proserpine. On ne le découvroit que pour les jeux séculaires, & on le couvroit aussitôt après. Ce mot vient de terere, frotter, user en frottant, parce que les eaux du Tibre alloient se briser auprès de ce lieu. Voici, selon Valere Maxime, l. II. c. iv. la maniere dont cet autel fut découvert. Les deux fils & la fille d’un certain Valesius étoient attaqués d’une maladie désespérée ; leur pere pria ses dieux lares de détourner sur lui-même la mort qui menaçoit ses enfans. Il lui fut répondu qu’il obtiendroit le rétablissement de leur santé, si en suivant le cours du Tibre, il les conduisoit jusqu’à Térente. Il prit un verre, puisa de l’eau dans le fleuve, & la porta où il apperçut de la fumée ; mais n’y trouvant point de feu, il en alluma avec des matieres combustibles, chauffa l’eau qu’il avoit, la fit boire à ses enfans, & elle les guérit. Ils lui dirent alors qu’ils avoient vu en songe un dieu qui leur avoit ordonné de célébrer des jeux nocturnes en l’honneur de Pluton & de Proserpine, & de leur immoler des victimes rousses. Valesius ayant résolu de bâtir un autel pour le sacrifice, se mit à creuser, & en trouva un tout prêt avec une inscription en l’honneur des deux divinités qui commandent aux enfers. Les réjouissances durerent trois jours de suite, en mémoire de ce que les dieux lui avoient accordé au bout de trois jours la guérison de ses enfans. (D. J.)