L’Encyclopédie/1re édition/TECTOSAGES

TECTOSAGES, les, (Géog. anc.) peuple de la Gaule narbonnoise ; ils faisoient partie des Volcæ. Strabon, l. IV. & Ptolomée, l. II. c. v, les étendent jusqu’aux monts Pyrénées.

M. Samson dit que le peuple Volcæ-Tectosages, occupoit l’ancien diocèse de Toulouse, & encore apparemment celui de Carcassonne, qui font présentement tout le haut Languedoc & davantage. Il faut remarquer que l’ancien diocèse de Toulouse est aujourd’hui divisé en huit diocèses ; savoir, Toulouse, Lombez, Montauban, Lavaur, S. Papoul, Riez, Pamiés, & Mirepoix. Ptolomée même comprenoit parmi les Tectosages, le quartier de Narbonne & le Roussillon.

Les Tectosages étoient célebres dans les armes, 250 ans avant la naissance de J. C. Lorsque les Gaulois, dit Tite-Live, jetterent la terreur dans toute l’Asie, jusque vers le mont Taurus, les plus fameux d’entr’eux, qu’on appelloit les Tectosages, pénétrant plus avant, s’étendirent jusqu’au fleuve Halys, à une journée d’Angora, qui est l’ancienne ville d’Ancyre, où ils s’établirent. Quand Manlius, consul romain, eut défait une partie des Gaulois, au mont Olympe, il vint attaquer les Tectosages à Ancyre, dont Pline leur attribue la fondation ; mais ils n’avoient fait que rétablir cette ville, puisque long-tems avant leur venue en Asie, Alexandre-le-grand y avoit donné audience aux députés de la Paphlagonie. Il est surprenant que Strabon qui étoit d’Amasia, n’ait parlé d’Ancyre que comme d’un château des Gaulois. Tite-Live lui rend plus de justice, il l’appelle une ville illustre.

Nous voyons encore dans l’histoire des Tectosages en Germanie, aux environs de la forêt Hercynienne. César dit que ces Tectosages de la Germanie étoient sortis des Volcoe-Tectosages, de la Gaule narbonnoise. Rhenanus croit qu’ils habitoient sur la rive droite du Necker, & que l’ancien château de Teck conserve encore une partie de leur nom.

Les Tectosages qui resterent dans leur patrie, furent toujours considerés, jusqu’à la prise de Toulouse, par Servilius Cépion, cent six ans avant l’ere chrétienne. Ils avoient amassé des trésors immenses, que ce capitaine romain pilla & emporta ; mais la peste l’empêcha, lui & les siens, d’en profiter. (D. J.)