L’Encyclopédie/1re édition/TANTALE

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TANTALE, s. m. (Mythol.) ce roi de Lydie, de Phrygie, ou de Paphlagonie selon quelques-uns, est un des princes à qui l’antiquité a reproché les plus grands crimes ; & par cette raison les poëtes l’ont condamné dans les enfers à être altéré de soif au milieu d’une eau crystalline, qui montoit jusqu’à sa bouche, & dévoré de faim parmi des fruits délicieux qui descendoient sur sa tête. Tantale, dit Ovide, court après l’onde qui le fuit, & tâche vainement de cueillir le fruit d’un arbre qui s’éloigne.

Les anciens cependant ne sont pas d’accord, ni sur la nature du châtiment de Tantale, ni sur celle de ses forfaits. D’abord pour ce qui regarde sa punition, la tradition d’Homere & de Virgile differe de celle d’Euripide & de Pindare, qui représentent Tantale ayant la tête au-dessous d’un rocher dont la chute le menace à tout moment. Cicéron, dans sa quatrieme Tusculane, parlant des tourmens que cause la crainte, dit : « c’est de ce supplice que les poëtes ont entendu nous tracer l’image, en nous peignant Tantale dans les enfers avec un rocher au-dessus de sa tête, toujours prêt à tomber pour le punir de ses crimes ».

Quels étoient donc les crimes de Tantale ? Les uns l’accusent d’avoir fait servir aux dieux, dans un festin, les membres de son fils Pélops qu’il avoit égorgé, pour éprouver leur divinité ; c’est-à-dire, suivant l’explication d’un mythologue moderne, d’avoir voulu faire aux dieux le barbare sacrifice de son fils. D’autres lui reprochent d’avoir révélé le secret des dieux dont il étoit grand-prêtre ; ce qui signifie d’avoir découvert les mysteres de leur culte. Enfin Cicéron pense que les forfaits de ce prince étoient la fureur & l’orgueil. Horace l’appelle aussi superbe, superbum Tantalum. Il s’enorgueilloit follement de ses richesses immenses, qui donnerent lieu au proverbe, les talens de Tantale, & au supplice qu’il éprouva dans les enfers. (D. J.)

Tantale, s. m. (Hydraul.) on propose de construire un tantale qui soit couché sur le bord d’un vase, & jusqu’aux levres duquel l’eau s’approche, & ensuite s’écoule dès qu’elle y est arrivée. Il ne faut pour cela que construire un vase AFGB, fig. n°. 2. Hyd. dans lequel on placera un syphon renversé CDE, tel que la plus longue branche CD sorte hors du vase, & que l’orifice C de la plus petite branche soit sort proche du fond du vase, sans pourtant y toucher. Si on verse de l’eau dans le vase AFGB, cette eau montera en même tems par l’ouverture C dans le syphon jusqu’à ce qu’elle soit arrivée en D, après quoi elle s’écoulera par l’ouverture E ; de sorte que si on place une figure sur les bords du vase AF, cette figure sera une espece de tantale. (O)