L’Encyclopédie/1re édition/TANIS

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TANIS, (Géogr. anc.) ville de la basse Egypte, située près de la seconde embouchure, ou du second bras du Nil, qui en fut appellé bouche Tanitique, Taniticum ostium.

La fameuse Tanis qui étoit, suivant les itinéraires, à 44 milles de Péruse vers l’occident, & sur un canal qui portoit son nom, subsiste encore aujourd’hui auprès de la même embouchure. Les Portulans qui la placent 60 milles marins à l’orient de Damiette, la nomment la bouche de Tennès ou Ténexe. Edrissi fait mention dans sa géographie, de la ville & du lac de Tinnis, qui a 30 milles de longueur d’orient en occident, & qui communique à un autre lac qui s’étend jusqu’auprès de Damiette. Le P. Sicard parle de ces deux lacs, & leur donne 66 milles pas de l’est à l’ouest. Ils commencent au château de Tiné, & s’étendent jusqu’à Damiette, étant joints en cet endroit au bras du Nil, par un canal de 1500 pas : l’eau en est jaunâtre ; ils sont très-poissonneux, & contiennent plusieurs îles, entre lesquelles est celle de Tanah, où il y a un ancien siege épiscopal, qui a toujours subsisté sous les Mahométans : Elmacin en fait mention à l’année 939 de J. C. Les Arabes fonderent, l’année même de la conquête de l’Egypte, une seconde ville de Tanis, dans une autre île de ce lac, où il y avoit quelques anciennes ruines. Cette nouvelle Tanis est devenue dans la suite assez considérable pour avoir une chronique particuliere, sous le titre de tarickh Tinnis.

La ville de Tanis est une des plus anciennes de l’Egypte : car sans vouloir rien conclure de ce qu’il en étoit parlé dans l’histoire fabuleuse d’Isis & d’Osiris, tradition qui prouve cependant l’idée qu’on avoit de son antiquité ; je me contenterai d’observer que dans le livre des Nombres, il est dit en parlant de la ville d’Hébron, déjà florissante au tems d’Abraham, que sa fondation précédoit de sept ans celle de Tzoan : les septante, qui ont fait leur traduction en Egypte, rendent ce nom par celui de Tanis.

Cette ville subsiste donc depuis près de 4000 ans ; & elle est encore sur le bord de la mer. Le lac dans lequel est la ville de Tanis, n’est séparé de la mer que par une langue de sable de trois milles de largeur. Il faut conclure de-là que cette partie de la côte d’Egyte n’a reçu aucun changement. Si cette côte s’avançoit sans cesse dans la mer, comme on le suppose, ce progrès, quelque lent qu’il fût, auroit éloigné la mer de la ville de Tanis, pendant cette durée de 4000 ans ; & cette ville se trouveroit aujourd’hui à une assez grande distance en-deçà de la mer. Mém. des Inscrip. tome XVI. p. 369. (D. J.)