L’Encyclopédie/1re édition/SURREY

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SURREY, (Géog. mod.) province d’Angleterre avec titre de comté. Elle est bornée au nord par la Tamise, au midi par la province de Sussex, au levant par celle de Kent & de Sussex encore, & au couchant par les comtés de Northampton & de Back-Shire.

Elle a trente quatre milles de longueur, vingt-deux de largeur, & cent douze milles de circuit. On compte dans cet espace treize hundreds ou quartiers, treize villes ou bourgs à marché, cent quarante paroisses, & plus de trente-quatre mille maisons ; ce qui suffit pour faire comprendre combien cette province est peuplée.

Outre la Tamise, elle a deux rivieres qui l’arrosent dans toute sa largeur du sud au nord, savoir le Wey & le Mole ; son terroir est sur-tout abondant en pâturage, où l’on nourrit le meilleur mouton du royaume ; on y recueille aussi beaucoup de blé ; mais les extrémités de ce comté sont beaucoup moins fertiles que le milieu ; c’est ce qui fait qu’on le compare à une piece de drap grossier, avec une lisiere fine. Guilford en est la capitale : voyez de plus grands détails dans l’ouvrage intitulé : the natural history, and antiquities of the county of Surrey. London, in-fol.

Saunders (Nicolas), en latin Sanderus, théologien catholique, naquit dans le comté de Surrey, au commencement du seizieme siecle, devint professeur en droit canon à Oxford, & passa à Rome pour sa religion, peu de tems après qu’Elisabeth fut montée sur le trône, c’est-à-dire en 1560. Il suivit le cardinal Hosius au concile de Trente, en Pologne, & dans ses autres courses. Il fut lui-même envoyé en Espagne, en qualité de nonce, par Grégoire XIII. qui le fit ensuite passer en Irlande avec le même titre, & pour y encourager les catholiques de ce royaume dans la ébellion ; mais leur défaite obligea Saunders de se cacher dans des forêts, où il fut long-tems errant, & où il mourut de misere en 1583. Ses deux principaux ouvrages sont : 1°. De visibili monarchiâ Ecclesiæ, libri octo. 2°. De schismate anglicano, libri tres. Ce dernier ouvrage a été traduit en françois, en Italien, & en anglois. L’évêque Gilbert Burnet l’a réfuté, moins pour la bonté de l’ouvrage, que pour l’importance du sujet. « Il est certain, dit le P. Niceron, que ce livre est écrit avec trop de passion, qu’on y trouve bien des faits suspects, & qu’on y reconnoit sans peine, que son auteur avoit plus de zèle contre la prétendue réformation, que de discernement dans le choix des moyens dont il s’est servi pour l’attaquer ».

Hammond (Henri), né dans le comté de Surrey, en 1605, mit au jour en 1654, un petit ouvrage sur le schisme, dans lequel il défend l’église anglicane, contre les objections des catholiques romains. Hammond est un des savans théologiens d’Angleterre ; il cultiva toutes les sciences, & particulierement les antiquités ecclésiastiques. Il mourut en 1660. dans la 55e année de son âge, après s’être acquis une haute réputation par plusieurs ouvrages qui ont été recueillis, & imprimés à Londres en 1684, en quatre volumes in-fol. Ses remarques sur le Nouveau Testament, parurent en 1659. in-fol. M. le Clerc traduisit cet ouvrage en latin, & le publia à Amsterdam en 1698 ; en 2 vol. in-fol. sous ce titre : Novum Testamentum Domini nostri Jesu-Christi, ex editione vulgatâ, cum paraphrosi & adnotationibus Henrici Hammondi ; mais M. le Clerc y a joint ses corrections, & quantité d’excellentes choses.

Evelyn (Jean) naquit à Wotton en Surrey, l’an 1620, & employa sept années à voyager dans les pays les plus civilisés de l’Europe. En 1667. il obtint par son crédit auprès du lord Howard, depuis duc de Norfolck, que les marbres d’Arundel, qui étoient dans les jardins de l’hôtel d’Arundel, fussent remis à l’université d’Oxford, qui l’en remercia par des députés. Il procura la bibliotheque d’Arundel à la Société Royale, & lui fit présent en son particulier de très-belles tables des veines & des arteres, qu’il avoit apportées d’Italie. Non content de contribuer de tout son pouvoir à favoriser les efforts des autres, il perfectionna par ses travaux utiles, les connoissances de ses compatriotes. Il mourut en 1706, dans la 86e. année de son âge. Je citerai quelques-uns de ses ouvrages, dans le grand nombre de ceux qu’il a publiés.

Le principal est sa sculptura, ou l’histoire de la Chalcographie, & de l’art de graver en cuivre, avec un catalogue des plus célebres graveurs, & de leurs productions, Londres 1662. in-8°. il s’agit dans le premier chapitre de cet ouvrage (qui mériteroit d’être traduit), de la sculpture en général, de ses especes, des stiles, & autres instrumens qu’on y emploie. Le second chapitre traite de l’origine de la sculpture. Le troisieme roule sur ses progrès chez les Grecs & les Romains. Le quatrieme donne l’invention de la chalcographie, avec un catalogue des plus célebres maîtres. Le cinquieme concerne le dessein. Le sixieme expose une nouvelle maniere de graver, ou de demi-teinte, mezzo-tinto, communiquée par le prince Robert.

L’auteur, après avoir décrit deux instrumens employés dans le mezzo-tinto, le hatcher, & le stile, explique la façon de s’en servir ; il finit en disant : cette nouvelle maniere de graver est due au hazard, & c’est un soldat allemand qui en a la gloire ; ayant remarqué quelques ratissures sur le canon de son mousquet, il rafina là-dessus, jusqu’à ce qu’il eut trouvé le moyen de produire les effets qu’il désiroit, & qui surpassent en délicatesse tout ce qu’on a imaginé dans cet art, pour imiter ces traits admirables que les Italiens appellent morbidezza. Je suis le premier anglois, ajoute M. Evelyn, à qui on a fait l’honneur de communiquer ce secret, & son altesse qui a bien voulu se donner la peine de me diriger, m’a permis de le rendre public.

Il y a une seconde maniere de graver, en roulant sur une plaque un instrument pareil à celui dont nos notaires se servent pour diriger leur regle sur le parchemin ; seulement le nombre des pointes est plus grand dans cet instrument ; & lorsque par la fréquente friction sur la surface unie, la plaque est suffisamment couverte de taches, de maniere que le fond soit assez obscur, on emploie le style comme dans la demi-teinte.

Un autre ouvrage de M. Evelyn, est sa Sylva, ou discours sur les arbres de forêts, & sur la propagation du mairain dans les domaines de sa majesté, &c. Londres, 1664, 1669, & 1679, in-fol.

Son calendrier du jardinier, a été imprimé sept ou huit fois avant l’année 1684.

L’origine & les progrès de la navigation & du commerce, contenant une histoire du négoce en général, de ses avantages, & de ses progrès, par M. Evelyn, parut à Londres en 1674. in-8°.

Son discours philosophique sur la culture des terres, pour perfectionner la végétation & la propagation des plantes, a été extrait dans les transactions philos. n°. 119. p. 454.

Son Numismata, ou discours touchant les médailles des anciens & modernes, &c. a été imprimé à Londres en 1697. in-fol.

M. Evelyn a aussi traduit plusieurs ouvrages, & entre autres le parallele de l’architecture ancienne & moderne de Chambray. Les Anglois lui doivent encore la traduction du parfait jardinier, de M. de la Quintinie. (Le Chevalier de Jaucourt.)