L’Encyclopédie/1re édition/SUD

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SUD, (Géogr. mod.) l’un des quatre points cardinaux. Il est distant de 90 des points est & ouest, & de 180 du nord, auquel il est par conséquent diamétralement opposé.

Sud-est ; c’est la plage qui tient le milieu entre l’orient & le midi. Le vent qui souffle de ce côté porte aussi ce nom, & ceux d’eurauster, ou notapépéliotes.

Sud-est quart-à-l’est ; nom de la plage qui décline de 38°. 45′. de l’orient au midi. Le vent qui souffle de ce côté est ainsi appellé. On le nomme aussi meseurus.

Sud-est quart-au sud ; c’est le nom de la plage qui décline de 33°. 45′. du midi à l’orient, & celui du vent qui souffle de cette partie du monde, & qu’on appelle aussi hypophoenix.

Sud-ouest ; plage qui tient le milieu entre le midi & l’occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom ; en latin ceux d’africus, notolybicus, notozephyrus.

Sud-ouest quart-à-l’ouest ; nom de la plage qui est à 33°. 45′. du midi à l’occident. C’est aussi le nom du vent qui souffle de ce côté, qu’on nomme en latin hypafricus, hipolibs, subvespetus.

Sud-ouest quart-au-sud ; plage qui décline de 33°. 45′. de l’occident au midi. Le vent qui souffle de ce côté porte le même nom, & en latin celui de mesolibonotus.

Sud-quart-au-sud-est ; nom de la plage qui est à 11°. 15′. du midi à l’orient, & du vent qui souffle de ce côté, connu aussi sous le nom de mesophoenix.

Sud-quart-au-sud-ouest ; plage qui est à 11°. 15′. du midi à l’occident. Outre ce nom, le vent qui souffle de ce côté est encore connu sous celui d’hypolibonotus ou alsanus.

Sud-sud-est ; nom de la plage de 22°. 30′. du midi à l’orient, & du vent qui vient de cette partie du monde qu’on nomme aussi gangeticus, leuconotus, phoenicias.

Sud-sud-est ; c’est la plage qui décline de 22°. 30′. du midi à l’occident. Le vent qui souffle de ce côté, porte le même nom, & en latin ceux de austro-africus, libonotus, notolybicus. (D. J.)

Sud, compagnie angloise du, (Com. & Hist. mod. d’Angl.) bien des lecteurs seroient fâchés de ne pas trouver ici un précis de l’histoire d’une compagnie qui a fait tant de bruit, ce qui peut-être dans son origine, fut moins un véritable établissement de commerce, qu’un système de politique, pour trouver un secours prompt & suffisant dans les pressans besoins de l’Angleterre épuisée par ses longues guerres contre la France, & cependant animée du desir de les soutenir glorieusement par de nouveaux efforts, vu le succès de ses armes au commencement de ce siecle.

Quoi qu’il en soit, le parlement d’Angleterre tenu en 1710, sous la reine Anne, ayant pris connoissance des dettes de la nation, tâcha d’y pourvoir. Ou trouva que ces dettes montoient en capital à 8 millions 47 mille 264 livres sterl. environ 183 millions 84 mille 256 livres de France. On s’avisa donc pour y remédier de former une compagnie qui auroit le commerce des mers du sud par préférence, & à l’exclusion de tous autres, à condition qu’elle se chargeroit d’acquitter les dettes de la nation, moyennant que le parlement lui accordât les fonds suffisans pour payer les intérêts aux particuliers jusqu’au remboursement du capital, qui seroit produit par ledit commerce. Ceux à qui appartenoient ces dettes publiques pourroient, à leur choix, être de cette compagnie préférablement aux autres, ou n’en être point.

L’ingénieux lord Harley, comte d’Oxford, fut l’auteur du projet, qui est une des belles choses qu’on ait fait en ce genre, & la reine le nomma premier gouverneur de cette compagnie. Par cet établissement, avec l’idée des deux loteries, la premiere de 15 cens mille livres sterl. ; la seconde de deux millions sterl. qui furent remplies en moins de 8 jours, & par d’autres secours, les dettes furent presque payées ; mais la nouvelle compagnie qui seroit peut-être tombée, n’ayant ni terrein, ni forteresses, trouva bien-tôt après les plus grandes ressources, en entrant en possession du traité de l’Assiente, c’est-à-dire de cette capitulation connue, par laquelle elle acquit du roi d’Espagne la permission de porter pendant 30 années 4800 negres par an dans l’Amérique espagnole, & d’envoyer chaque année aux foires du Mexique un vaisseau de 500 tonneaux.

Personne n’ignore les avantages & les suites de ce traité, non plus que le triomphe chimérique qu’eurent les actions du sud en 1720, leur prompte chute en 1722, les dettes de la compagnie, qui montoient alors à plus de 30 millions de livres sterl. (environ 670 millions de notre monnoie), l’infidélité des directeurs, la fuite des caissiers, & la punition de quelques-uns de ceux qui eurent part à tous ces désordres.

On peut juger à quel excès ces derniers avoient porté leurs friponneries, puisqu’on tira de la taxe à laquelle ils furent condamnés, 2 millions 400 mille livres sterling, plus de 40 millions de France. Enfin l’on sait les soins que prit alors le parlement pour rétablir le crédit de cette compagnie, & l’heureux succès de ces soins qui l’ont remise en 1724 dans sa premiere splendeur, & qui la soutiennent encore dans un état florissant, ses actions faisant une des grandes circulations de la bourse de Londres. Ces derniers événemens sont les plus considérables du regne de George I. & la grande-Bretagne n’en perdra jamais le souvenir.

En 1736 le fond de la compagnie du sud étoit de 17 millions sterl. & en 1750 le roi d’Espagne devoit lui payer en dédommagement 2 millions 300 mille livres de notre monnoie. Voilà donc une compagnie qui peut fournir une ample matiere de spéculation & d’étonnement à ceux qui considéreront toutes ses vicissitudes jusqu’à ce jour, & seulement dans l’espace de 40 ans. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Compagnie angloise des Indes, (Comm.) de toutes les compagnies de l’Angleterre, & elle en a seule presque autant que les autres nations de l’Europe ensemble, la plus considérable est celle de l’Orient ; mais il suffira d’en tracer ici l’histoire abrégée, & de renvoyer le lecteur aux livres qui en parlent en détail.

Cette compagnie mérite toujours de tenir le second rang, que M. Savary lui assignoit en 1723. parmi celles qui sont établies en Europe pour le commerce des grandes Indes.

Elle se forma sous les dernieres années du regne d’Elisabeth en 1599, & parvint au plus haut point de sa grandeur en 1662. sous Charles II. qui lui accorda d’amples privileges, par plusieurs chartres qu’elle paya sous main libéralement ; elle perdit de sa splendeur depuis 1680, fut prête de culbuter en 1691, & finalement se rétablit en 1699 dans un état plus glorieux que jamais, par son union avec une nouvelle compagnie.

Alors on nomma des commissaires pour son établissement nouveau, & pour recevoir les souscriptions proposées à ce sujet de deux millions de livres sterlings (environ 46 millions de France) qui furent remplis en quatre jours. Il est même très-probable qu’on auroit eu le double, & peut-être le triple de cette somme, si on s’étoit moins hâté de fermer les livres, & qu’on eût donné le tems aux provinces & aux négocians étrangers de faire remettre leurs commissions à Londres. Ces fonds devinrent si considérables par cette incorporation, qu’en moins de deux ans, la compagnie avoit mis en mer jusqu’à 45 gros vaisseaux équipés pour son commerce.

Depuis ce tems-là, ses actions & son crédit ont toujours augmenté ; je n’entends point parler ici de cette manie subite qui, en 1719 & en 1720, donna au cours de ces actions & à celles du sud, ce haut prix trop connu, qui a été si fatal à l’état & aux particuliers ; désordre auquel le sage parlement de cette nation remédia bien-tôt après.

Cette compagnie a aujourd’hui outre Madras sur la côte de Coromandel, quatre principaux établissemens aux Indes ; savoir, à Surate, au golfe de Bengale, en Perse, & à Sumatra, ce qui lui forme plusieurs comptoirs. Les trois quarts de la cargaison de ses vaisseaux sont en or & en argent, le reste en marchandises. Ses retours montent ordinairement par an à plus de vingt-six millions de notre monnoie, sans parler du bénéfice des navires de permission, & des pacotilles qu’elle accorde aux propriétaires des vaisseaux qu’elle frette, & aux officiers qui les montent ; car sa méthode par rapport aux vaisseaux qu’elle emploie pour son commerce, est entierement différente de celle de la compagnie orientale de Hollande. Celle-ci a une très-grande quantité de vaisseaux, & sa marine cede peu à celle de la république même. La compagnie d’Angleterre n’a en propre que quelques petits vaisseaux dans les Indes, & tous ceux qu’elle y envoye de l’Europe ; elle les frette à mesure de ses besoins, souvent de ses propres directeurs, & cependant ce n’est pas manque de fonds. Est-ce que l’intérêt particulier l’emporte sur l’intérêt public ? Ou la compagnie trouve-t-elle tout calculé des avantages à louer à fret pour chaque voyage par une charte-partie conventionnelle, le nombre de vaisseaux dont elle a besoin ?

On n’entrera point dans les autres détails de sa police, on ajoutera seulement, que le commerce de ses actions se fait en écritures ; ensorte que la sûreté & la bonne foi de ce commerce, consiste dans la fidélité des livres qui sont tenus par la compagnie. Pour en être membre, il faut être Anglois ou naturalisé Anglois, & payer 5 liv. sterl. en se faisant recevoir. Tous les magasins de la compagnie sont à Londres ; elle a vingt-quatre directeurs. Elle créa en 1733 pour un million de livres sterling de nouvelles actions. En 1743, elle avança un million de livres sterl. au gouvernement, en reconnoissance du renouvellement de sa charte pour quatorze ans. Ses privileges sont très-étendus, & au point qu’elle peut faire la guerre dans les Indes sans en attendre les ordres de la cour. Finissons par une réfléxion qui s’offre ici.

Il est assez singulier que la grande-Bretagne ayant une compagnie générale pour l’Asie, ait au contraire établi pour l’Amérique, dont elle possede une portion considérable, presque autant de compagnies particulieres qu’elle a de cantons. Je ne veux pas attaquer par-là la politique de l’état, je pense bien différemment ; je crois qu’il en résulte un bénéfice beaucoup plus grand pour la nation, puisque d’habiles gens ont calculé, que ce qui est apporté en Angleterre par ses compagnies particulieres des Indes occidentales, après en avoir pris ce qu’il faut pour l’usage du royaume, monte annuellement à 500 mille liv, sterl. & que ce qui est apporté des colonies d’Amérique, & des parties septentrionales de ce continent, monte à 400 mille liv. sterl. par an, c’est-à-dire en un mot, à plus de 20 millions de notre monnoie chaque année. Voilà les fruits du commerce qui ne ressemblent point à ceux de la guerre. (Le chevalier de Jaucourt.)