L’Encyclopédie/1re édition/SUBLIMATION
SUBLIMATION, s. f. (Chimie.) espece de distillation dont le caractere spécial est de ne fournir que des produits sous forme seche.
La forme, ou plutôt la consistance de ces produits est de deux especes, ou elle est ramassée en une seule masse solide, qu’on appelle quelquefois pain ou gateau, tels que les gateaux de sel ammoniac, les masses denses & liées de sublimé corrosif, &c. Les produits de la sublimation qui prennent cette consistence, retiennent spécialement le nom de sublimé. La seconde espece se présente sous la forme d’une couche rare & sans liaison. Ce produit est connu dans l’art sous le nom de fleurs ; c’est ainsi qu’on dit fleurs de soufre, fleurs de mars, fleurs de benjoin, &c. Les vaisseaux sublimatoires les plus usités sont l’alambic à chapiteau borgne, les alludels, les matras, les bouteilles de verre mince, appellées dans les boutiques phioles à médecine ; le pot de terre à double couvercle pour les fleurs d’antimoine en particulier, la cucurbite de terre basse surmontée d’un cone de papier pour celle de benjoin, &c. tous ces vaisseaux & appareils sont représentés dans les planches de chimie (voyez ces Planches).
La théorie de la sublimation & les lois manuelles de cette opération doivent se déduire absolument de la théorie & des lois manuelles de la distillation en général. Voyez Distillation. La seule manœuvre particuliere dont l’artiste puisse être averti, c’est le moyen de donner de l’air ou de ménager une issue aux vapeurs qui se raréfient dans l’intérieur de l’appareil fragile du matras ou des phioles, & de tenir le col de ces vaisseaux ouverts pendant les premiers tems de l’opération, en rompant ou abattant le sublimé, ou les fleurs qui l’obstruent au moyen d’une baguette ou d’un fil-de-fer, &c. (b)