L’Encyclopédie/1re édition/SUAVE

SUAVE, adj. SUAVITÉ, s. f. (Langue françoise.) ces deux mots ne se disent plus qu’en matiere de dévotion, d’odeurs & de peinture. Moliere a dit ingénieusement :


J’aurai toujours pour nous, ô suave merveille,
Une dévotion à nulle autre pareille. Tartuffe.
Ces mots dans tous mes sens, font couler à longs traits
Une suavité qu’on ne goûta jamais.

Le même.


Mais ce mot est surtout d’usage dans les écrits de spiritualité. « Cet encens, dit M. Fléchier, que vous avez vu fumer sur vos autels, & monter vers le ciel en odeur de suavité, est le symbole de vos prieres ». Cette expression est prise de l’Ecriture, comme il paroît par la Genese, viij. 21. Exod. xxix. 41. Lévit. ij. vers. 9. 12. &c. où l’on lit odeur de suavité pour odeur suave, parce que les Hébreux mettent souvent les abstraits pour les concrets. Nous disons la suavité des parfums ; & en fait de peinture, un tableau plein de suavité ; tels sont les tableaux de l’Albane & du Correge. (D. J.)

Suave, (Peinture.) couleur suave, se dit d’un tableau où la couleur a une certaine sérénité & une douleur qui affecte agréablement la vue sans la frapper trop vivement.