L’Encyclopédie/1re édition/STRIX

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STRIX, s. m. (Littérat.) espece d’oiseau de nuit dont parlent les anciens ; nous ne le connoissons point ; eux-mêmes n’en savoient pas plus que nous du tems de Pline. Il est certain qu’il ne paroissoit que la nuit, & on le nommoit strix à cause de son cri. Ovide le dit dans le sixieme livre des fastes.

Est illis strigibus nomen, sed nominis hujus
Causa quod horrendâ stridere nocte solent.

Nos auteurs traduisent strix par chouette. Les poëtes font entrer les œufs & les entrailles de cet oiseau dans toutes les compositions que faisoient les magiciennes. Médée le dit dans Séneque :

Miscetque & obscænas aves
Mæstique cor bubonis & raucæ strigis
Exsecta vivæ viscera
.


« Elle y mêle les chairs des plus funestes oiseaux, le cœur d’un crapaud, & les entrailles qu’elle a arrachées à une chouette vivante ». Horace, Ode V. liv. V. dit que Canidie, la tête échevelée & entortillée de viperes, fit préparer sur le feu magique, une composition où elle mêla ensemble des racines de cyprès & de figuier sauvage déterrées dans un cimetiere, des plumes & des œufs de chouette, nocturnæ strigis, trempées dans le sang d’un crapaud, des herbes de Thessalie & d’Ibérie, pays fertiles en poisons, & des os arrachés de la gueule d’une chienne à jeun.

Ces détails de sorcellerie plaisoient apparemment aux anciens ; car nous voyons que leurs poëtes s’étendent volontiers sur cette matiere. Il faut pourtant avouer qu’Horace l’a fait avec modération ; mais il n’en est pas de même de Lucain, l’Erecto de son sixieme livre est réellement fort dégoûtante. Nous voulons que de pareils images soient présentées rapidement, & en peu de mots. Mais les œufs & les entrailles de l’oiseau strix entroient si nécessairement dans les compositions magiques, que les anciens nommoient striges toutes les sorcieres. (D. J.)