L’Encyclopédie/1re édition/STADE

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STADE, s. m. (Mesure itinéraire des anciens.) mesure de longueur des Grecs ; leur stade, selon Pline, étoit de 125 piés romains, & chacun de ces piés romains étoit de 12 pouces : il falloit 5 piés romains pour faire un pas géométrique ; ainsi 625 piés romains faisoient 125 pas géométriques, par conséquent il falloit 8 stades pour faire un mille romain ; donc les 800 stades faisoient 100 milles romains.

Pour réduire maintenant 800 stades romains à nos lieues de France, les lieues communes de France sont de deux mille 400 pas géométriques ; donc 800 stades faisoient 41 de nos lieues de France & de lieue.

Je sais bien que M. de la Barre a établi un système tout différent de celui-ci ; il donne aux Grecs deux stades, un grand & un petit. Le grand stade, selon lui, étoit de 133 pas romains, deux tiers, & il y en avoit sept & demi au mille ; le petit stade étoit de 80 pas ou de 400 piés romains. On peut lire dans les Mémoires de l’académie des Inscriptions, tome XIX. les raisons sur lesquelles il appuie son hypothèse ; mais quoiqu’elle soit accompagnée de savantes recherches, je ne crois pas devoir abandonner l’opinion commune. (D. J.)

Stade d’Olympie, (Antiq. greq.) le stade d’Olympie étoit un espace de 600 pas qu’on avoit renfermé de murs près de la ville d’Elis & du fleuve Alphée, & qu’on avoit orné de tout ce qu’on avoit cru propre à l’embellir ; mais comme on avoit été contraint de s’assujettir au terrein qui étoit inégal, ce stade étoit fort irrégulier, ainsi qu’on peut le voir par le dessein qu’en a tracé sur la description de Pausanias, M. le chevalier Folard, & que M. l’abbé Gédoyn a fait graver pour l’insérer dans la traduction de cet auteur grec.

Ce stade étoit composé de deux parties : la premiere, dont la figure ressembloit assez à la proue d’un vaisseau, étoit nommée la barriere. C’étoit-là qu’étoient les écuries & les remises où se tenoient les chevaux & les chariots, & où ils s’apparioient. La seconde étoit nommée la lice, & c’étoit dans l’espace qu’elle contenoit que se faisoient les courses, soit à cheval, soit avec les chariots. Au bout de la lice étoit la borne, autour de laquelle il falloit tourner, & comme celui qui en approchoit le plus, formoit un cercle plus court, il étoit toutes choses égales, plutôt revenu au lieu d’où il étoit parti. C’étoit là principalement que consistoit l’adresse de ceux qui conduisoient les chars, & où au même tems ils couroient le plus grand danger. Car indépendamment de ce qu’ils pouvoient s’y rencontrer avec un autre char ; si on venoit à toucher cette borne, l’essieu se brisoit en mille pieces, ou recevoit du-moins quelque échec qui faisoit perdre tout l’avantage. Voilà ce qu’Horace exprime par ces mots, metaque fervidis evitata rotis.

Au delà de cette borne étoit encore une autre occasion de danger. C’étoit la figure du génie Tarascippas, qui étoit faite de maniere à effrayer les chevaux. On ne sait si on l’avoit mise là exprès pour augmenter le danger de la course, ou si par respect pour ce génie on l’y avoit laissée, supposé qu’elle y fût avant la construction du stade ; mais il est toujours vrai que c’étoit un endroit fort dangereux.

Des deux côtés de cette lice dans toute sa longueur étoient les places des spectateurs. Les principales étoient pour les juges & pour les personnes de considération ; le peuple qui y accouroit en foule se mettoit où il pouvoit : car rien n’est égal à la curiosité qu’on avoit pour ces sortes d’exercices.

J’ai dit que de la barriere les chars entroient dans la lice, & je dois ajouter que la séparation de ces deux lieux étoit fermée avec une corde qui se baissoit par une espece de méchanique, que décrit Pausanias ; & c’étoit le signal qui avertissoit d’entrer dans la lice. Banier. (D. J.)