L’Encyclopédie/1re édition/SPIRE

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SPIRE, s. f. dans l’ancienne Architecture, est quelquefois employé pour la base d’une colonne, & quelquefois pour astragale. Voyez Base, Astragale.

Ce mot vient du latin spæræ, les replis d’un serpent qui sont semblables à cela, quand ils sont couchés par terre, ou bien du grec σπειρα, le roulement d’un cable. Voyez Base.

SPIRE, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans le bas Palatinat, capitale de l’évêché de même nom, sur le bord du Rhin, à 2 lieues de Philisbourg, à 5 de Heidelberg, à 16 ou environ de Strasbourg, presqu’au milieu entre ces deux places, & à 112 de Paris. Longit. 26. 7. latit. 49. 17.

Elle étoit anciennement habitée par les Nemetes, & ce fut pour cette raison qu’on l’appella Noviomagus Nemetum, civitas Nemetum. Elle prit avant le viij. siecle le nom de Spire, d’une petite riviere qui la baigne. Roger, qui en étoit évêque, la fit entourer de murailles dans le xj. siecle. L’empereur Henri IV. la mit au nombre des villes libres. Henri V. Frédéric II. & Venceslas lui accorderent successivement de grands privileges. Charles-Quint y fixa la chambre impériale en 1530.

Cette ville étoit riche, grande, heureuse, libre, & bien bâtie, lorsque les troupes françoises en 1689, la réduisirent en cendres, conformément aux ordres de Louis XIV. elle fut consumée toute entiere dans l’intervalle de quelques heures, & elle n’a jamais pu se rétablir depuis dans un état un peu favorable. L’église cathédrale qui appartenoit aux catholiques, & qui passoit pour un chef-d’œuvre de sculpture, décorée de grandes tours pyramidales aux quatre coins, ne fut pas plus épargnée que les temples des calvinistes. Ainsi le nom françois fut également abhorré dans ce terrible désastre par les sectateurs de l’une & de l’autre religion.

Becher (Jean-Joachim), un des grands chimistes de l’Europe, naquit à Spire en 1645, & mourut en 1682 à l’âge de 37 ans. Privé des biens de la fortune, il employoit la nuit à étudier, & le jour à enseigner, pour pouvoir subsister & faire vivre sa pauvre mere. Malheureux à Mayence, à Munich & à Wirtzbourg par la jalousie de ses ennemis, il fut errant pendant plusieurs années sans pouvoir trouver en Allemagne un domicile assuré. Il passa donc en Angleterre, & mourut à Londres. Sa physica subterranea est un ouvrage profond, ainsi que son trifolium Hollandicum, seu de machinis necessariis ad opera serici aquarum molendinorum, & artis fusoriæ metallorum. Il prétendit, dans son livre intitulé caracter pro notitiâ linguarum universali, fournir une langue universelle par le moyen de laquelle toutes les nations s’entendroient aisément ; c’est du moins le système d’un homme de génie. Dans un de ses livres écrit en allemand, sous le titre de la folie sage, & de la folle sagesse, il rapporte plusieurs inventions fort utiles. (D. J.)

Spire, évêché de, (Géog. mod.) évêché d’Allemagne dans le bas Palatinat, entre les bailliages de Neustat, de Geamersheim, de Bretten & de Heidelberg ; le Rhein le divise en deux parties. On ne sauroit marquer précisément le tems de la fondation de cet évêché. On sait seulement qu’il est déja fait mention d’evêques des Nemetes dans le quatrieme siecle. Les empereurs Othon affranchirent l’évêque de Spire de la jurisdiction des comtes ; Henri II. Conrad II. Henri III. lui firent des donations considérables. L’étendue de cet évêché n’est pas grande ; elle consiste en des plaines fertiles, situées avantageusement à cause de la commodité du Rhein. Son domaine est composé de cinq ou six bailliages. Les bourgs les plus remarquables sont Weibstad & Bruchsal, sur la petite riviere de Saltz, qui est le lieu de la résidence ordinaire de l’évêque. Le chapitre de Spire est composé de neuf chanoines capitulaires, & de douze domiciliés. L’evêque n’a aucune jurisdiction dans la ville de Spire ; elle est libre & impériale. Voyez-en l’article. (D. J.)