L’Encyclopédie/1re édition/SOUPIRER

◄  SOUPIRAIL
SOUPLE  ►

SOUPIRER, (Lang. franç.) Malherbe, Gombaut, Sarrazin, Despréaux & autres poëtes, ont employé ce mot dans une signification active, pour signifier produire au-dehors.

Tantôt vous soupiriez mes peines,
Tantôt vous chantiez mes plaisirs.

Malh.

Mille esprits abusés en leur sujétion
Vont soupirer leur flâme éloquente & muette.

Gomb.

Tout dort dans la nature, & Daphnis seulement,
Privé de ce repos, soupire son tourment.

Sarrasin.

Ce n’étoit pas jadis sur ce ton ridicule
Qu’amour dictoit les vers que soupiroit Tibule.

Despréaux.

Soupirer dans le sens de desirer pasionnément, rechercher avec ardeur, se met avec la préposition après & pour. Je soupire après ma délivrance ; comme la biche soupire après le courant des eaux, ainsi mon ame soupire après vous, ô mon Dieu. Port royal. C’est une chimere que de soupirer pour des richesses qui ne sont point le prix de la vertu, & qu’on n’emporte point dans la tombe. (D. J.)