L’Encyclopédie/1re édition/SINUESSE

SINUESSE, (Géog. anc.) ville d’Italie dans le nouveau Latium, aux confins de la Campanie, au-delà du Liris, sur le bord de la mer. Tite-Live, l. X. c. xxj. lui donne le titre de colonie romaine. La ville de Minturne, selon Strabon, l. V. étoit entre celles de Formies & de Sinuessa. Pline, l. III. c. v. fait de Sinuessa la derniere ville du Latium ajouté, & dit que quelques-uns l’avoient appellé Sinope ; mais Tite-Live, l. X. c. xxj. fait entendre que Sinuessa prit ce nom lorsque les Romains eurent envoyé une colonie dans un endroit où l’on croyoit qu’avoit été Sinope, ville greque : placuit ut duæ coloniæ circà Viscinum & Falernum agrum deducerentur ; una ad ostium Liris fluvii, quæ Minturna appellata ; altera in saliu Vescino, Falernum contingente agrum, ubi Sinope dicitur græca urbs fuisse ; Sinuessa deindè ab colonis romanis appellata. Les habitans de cette ville sont appellés Sinuessani ou populus Sinuessanus par le même historien, & Sinuisani dans une inscription rapportée par Holsten, p. 224.

Il y avoit au voisinage de cette ville des eaux minérales, qui en prenoient le nom d’aquæ Sinuessanæ, & auxquelles on attribuoit la vertu de remédier à la stérilité des femmes, & de remettre l’esprit aux hommes lorsqu’il étoit aliéné. C’étoit des bains d’eaux chaudes ; ce qui a fait que Silius Italicus, l. VIII. vers. 528. a donné à la ville de Sinuessa l’épithete de tepens. Nous voyons dans Tacite, l. XII. c. lxvj. que l’empereur Claude usa de ces bains.

On voit encore aujourd’hui quelques vestiges de Sinuessa, & elles conservent le nom de la ville. Il y a près de Monte-Dracone quelques ruines d’édifices, de même que vers le bord de la mer où sans doute étoient les grandes murailles du port. (D. J.)