L’Encyclopédie/1re édition/SINDON

◄  SINDIFIU

SINDON, s. m. (Hist. ecclés.) terme latin qui signifie proprement un linceul, mais qu’on trouve employé dans l’Ecriture & dans les anciens, pour exprimer diverses sortes de vêtemens.

Les évangélistes s’en servent pour marquer le linge dans lequel Joseph d’Arimathie enveloppa le corps de Jesus-Christ après l’avoir embaumé, l’avoir entouré de bandelettes, & lui avoir mis un suaire autour de la tête. Les saints suaires qu’on montre en différens endroits, ne peuvent pas tous être le vrai sindon qui enveloppa le corps de Jesus-Christ.

Il est encore parlé de sindon dans l’histoire de Samson, Judic. XIV. xij. 13. il promet aux jeunes hommes de sa noce trigenta sindones & totidem tunicas, s’ils pouvoient expliquer l’énigme qu’il leur proposa. L’hébreu porte trente sidinim, & trente habits de rechange. Les uns entendent par sedinim ou sindonem, la tunique qu’on mettoit immédiatement sur la chair ; & par des habits de rechange, des habits complets, une tunique & un manteau, car ces deux pieces faisoient l’habit complet, ou simplement trente manteaux, qui avec trente tuniques formoient trente habits à changer.

La femme forte dont parle Salomon, Prov. xxij. 24. faisoit des sindons & des ceintures, qu’elle vendoit aux Phéniciens. Les filles de Jérusalem portoient de ces sindons, comme on le voit par Isaïe, chap. iij. vers. 23. C’étoit un habit propre aux Tyriens & aux Phéniciens, & peut-être tiroit-il son nom de la ville de Sidon. Martial parlant à un de ses amis d’un vêtement qu’il lui envoie, l’assure qui est encore plus propre à garantir du mauvais tems que les sindons de Syrie.

Ridebis ventos hoc munere tectus & imbres
Nec sit in Syriâ sindone tectus eris.

Le jeune homme qui suivoit Jesus-Christ la nuit de sa passion, n’avoit sur lui qu’un sindon, amictus sindone super nudo. Ce pouvoit être une espece de manteau pour se garantir du froid. Calmet, Dictionn. de la Bible.

Sindon, en Chirurgie, est un petit morceau rond de toile, dont on se sert pour panser la plaie causée par le trépan. Voyez Trépaner.

La premiere chose qu’on fait ordinairement après l’opération du trépan, est de jetter quelques gouttes de baume blanc sur la dure mere, ensuite une cuillerée de miel rosat, qu’on a fait chauffer avec un peu de baume, on y met un sindon de fine toile de lin : cela s’applique immédiatement sur la dure mere ; & cela étant plus grand que le trou qui est au crâne, on en fait entrer la circonférence entre le crâne & la membrane, avec un instrument nommé meningophilax, voyez Meningophilax ; ensuite on y applique des plumasseaux de charpie, & par ce moyen le trou est tout-à-fait bouché.