L’Encyclopédie/1re édition/SAUVE-GARDE

SAUVE-GARDE, s. m. (Hist. nat.) c’est le nom que les Hollandois établis à Surinam, donnent à une espece de serpent, qui differe des serpens ordinaires, des lézards & de l’ignane ; il vient d’un œuf, comme les lézards ; ses écailles sont menues & lisses ; il se nourrit des œufs d’oiseau qu’il va manger dans leurs nids : lorsqu’il veut pondre les siens, il forme un creux sur le bord des rivieres, & il les laisse éclorre à la chaleur du soleil ; ses œufs sont de la grosseur de ceux d’une oie, mais plus alongés ; les Indiens ne font aucune difficulté d’en manger. Mademoiselle Mérian, qui nous donne la description de cet animal, n’a pas pu éclaircir davantage sa nature ; elle nous laisse dans l’incertitude si elle parle d’un crocodile ou cayman, d’un serpent ou d’un lézard.

Sauve-garde, s. f. (Jurisprud.) sont des lettres données à quelqu’un, par lesquelles on le met sous sa protection, avec défenses à toutes personnes de le troubler ni empêcher, sous certaines peines, & d’être déclaré infracteur de la sauve-garde. Il y a des sauve-gardes pour la personne en quelque lieu qu’elle aille ; il y en a qui sont spécialement pour les maisons & biens, pour empêcher qu’il n’y soit fait aucun dommage, & pour empêcher le propriétaire du logement des gens de guerre.

Il est parlé de ces sauve-gardes dans plusieurs coutumes ; & dans le recueil des ordonnances de la troisieme race, on trouve nombre de lettres de sauve-garde données à des abbayes & autres églises.

La sauve-garde peut être accordée par le roi, ou par les juges, soit royaux, ou des seigneurs.

On entend quelquefois par sauve-garde, une plaque de fer apposée sur la porte d’une maison, sur laquelle sont les armes du roi ou de quelqu’autre seigneur, avec ce mot sauve-garde ; ces panonceaux ne sont pas la sauve-garde-même, ils ne sont qu’un signe extérieur qui annonce que le propriétaire de la maison est sous la sauve-garde du roi ou de quelqu’autre seigneur. Voyez le glossaire de M. de Lauriere & le mot Sauf-conduit. (A)

Sauve-garde, (Art milit.) c’est, à la guerre, la protection que le général accorde à des particuliers pour conserver leurs châteaux, maisons ou terres, & les mettre à l’abri du pillage. Le garde ou le soldat qui va résider dans ces lieux, se nomme aussi sauve-garde. Il a un ordre par écrit contenant l’intention du général. Il est défendu, sous peine de la vie, d’entrer dans les lieux où sont envoyés les sauve-gardes, & de leur faire aucune violence. Le profit des sauve-gardes appartient au général, & il peut les étendre autant qu’il le juge à propos. Cependant le trop grand nombre de sauve-gardes est au détriment de l’armée, qui se trouve privée de tout ce que les lieux conservés pourroient lui fournir. Lorsqu’un lieu où il y a des sauve-gardes se trouve surpris par l’ennemi, les sauve-gardes ne sont pas prisonniers de guerre. (q)

Sauve-garde, ou Tire-veille, (Marine.) c’est une corde amarrée au bas du beaupré, & qui montant à la hune de misaine, en descend pour s’amarrer aux barres de la hune de beaupré. Elle sert aux matelots qui font quelques manœuvres de la civadiere & du tourmentin, pour marcher en sûreté sur le mât de beaupré.

Sauve-garde du gouvernail, est un bout de corde qui traverse la meche du gouvernail, & qui est arrêtée à l’arcasse du vaisseau.

Les Sauve-gardes sont aussi deux cordes posées depuis l’extrémité de l’éperon jusqu’aux sous-barres des bossoirs, & qui servent à empêcher que les matelots, qui sont dans l’éperon pendant les tempêtes, ne tombent à la mer.