L’Encyclopédie/1re édition/SALAMANQUE

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SALAMANQUE, (Géog. mod.) ville d’Espagne au royaume de Léon, sur la riviere de Tormes, qu’on y passe sur un ancien pont de pierre bâti par les Romains ; elle est à 40 lieues au midi de Léon, & à 36 au nord-ouest de Madrid. Long. suivant Harris, 18. 11. 45. lat. 41. 12.

C’est une des plus anciennes villes d’Espagne, ornée d’églises magnifiques, & peuplée de religieux & d’écoliers nobles & roturiers, qui y jouissent de grands privileges. Les couvents y sont nombreux & très riches, sur-tout celui de S. Dominique, de S. François, & de S. Bernard.

On trouve hors de Salamanque un beau chemin, large & pavé, fait par les Romains, & qui conduisoit à Mérida, & de là à Séville ; ce chemin fut reparé par l’empereur Adrien, comme il paroît par l’inscription suivante qu’on y a découverte. Imp. Cæsar. divi. Trajani parthici. F. divi Nervæ nepos Trajanus. Hadrianus aug. pontif. max. trib. pot. V. cos. iij. restituit.

L’évêché de Salamanque, fondé sur la fin du vj. siecle, & détruit sous la domination des Maures, s’étend aujourd’hui sur deux cent quarante paroisses, & l’évêque jouit de quatorze mille ducats de revenu.

L’université de Salamanque, la plus fameuse de toute l’Espagne, sut fondée par Ferdinand III. vers le milieu du xiij. siecle, des débris de celle de Palencia. Elle est composée, dit-on, de quatre-vingt professeurs, qui ont chacun mille écus de pension. Le recteur de cette université jouit de grands privileges, & est assis sous un dais dans les assemblées publiques. Le maître des écoles crée tous les officiers de l’université, est toujours ecclésiastique, & a huit mille ducats d’appointement. On dit que l’université est riche de quatre-vingt mille écus de rente.

Malgré tant de richesses & de splendeur apparentes, il ne sort pas de cette université un seul savant connu dans le reste de l’Europe ; toutes les sciences qu’on y cultive, se bornent au droit canon, à la théologie, & à la philosophie scholastique ; on enseigne dans les deux principales chaires, la doctrine de S. Thomas d’Aquin, le docteur angélique, & celle de Jean Scot, le docteur subtil, qui établit le premier l’immaculée conception de la sainte Vierge. La bibliotheque de cette université est presque vuide de livres, & ceux qui s’y trouvent sont tous enchaînés.

Aguirre, (Joseph Saëns de) cardinal, de l’ordre des bénédictins, naquit à Salamanque en 1630, & mourut à Rome en 1699. Ses principaux ouvrages sont, 1°. une histoire des conciles d’Espagne. 2°. Une collection des conciles de la même nation. 3°. Une philosophie scholastique, en 3. vol. in-fol. 4°. Une défense de la chaire de S. Pierre, contre la déclaration de l’assemblée du clergé de France de 1682, touchant la puissance ecclésiastique & politique. C’est cette défense qui lui valut le chapeau que le pape Innocent lui donna en 1686. Dans sa collection des conciles d’Espagne, il y a joint plusieurs dissertations pour soutenir le fausses décrétales des papes, ou pour m’expliquer plus clairement, une cause insoutenable. Il paroît qu’il avoit plus d’étude & de lecture, que de génie & de critique. (D. J.)