L’Encyclopédie/1re édition/RUSMA

RUSMA, s. m. (Hist. nat. Minéralog.) nom donné par les peuples orientaux à cette substance que les Grecs ont nommé sory. Voyez Sory.

Le rusma est une sorte de vitriol qu’on trouve dans les mines de ce métal, & dont on se sert pour dépilatoire, en le mêlant avec de la chaux. M. Boyle rapporte qu’après avoir pulvérisé du rusma & de la pierre de chaux vive, en parties égales, il les laissa fondre pendant peu de tems dans l’eau, où ils formerent une pâte fort douce, qu’il appliqua sur une partie du corps couverte de poil ; au bout d’environ trois minutes, il frotta cette partie d’un linge mouillé, & trouva le poil enlevé jusque dans les racines, sans que cette partie en ait souffert le moindre inconvénient. Le dépilatoire des éuropéens se fait communément avec de la chaux & de l’orpiment.

L’usage des dépilatoires est fort ancien. Il est certain que les courtisannes grecques & romaines s’en servoient ; & c’est une des principales raisons pour lesquelles on n’apperçoit point aux statues antiques ce voile que la pudeur de la nature a placé aux parties deshonnêtes. Ces femmes servoient de modeles à l’artiste qui les représentoit telles qu’elles se montroient à lui. Ajoutez à ce motif celui de la beauté d’un contour ondulant & sinueux qu’une touffe ou tache isolée n’interrompoit point dans son cours d’une des aines à l’autre ; la propreté si essentielle aux femmes, & si incompatible avec l’infirmité périodique ; la chaleur du climat, & peut-être la commodité du plaisir & la volupté des regards.