L’Encyclopédie/1re édition/ROSHASÇANA

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ROSHASÇANA, s. m. (Hist. des Juifs.) mot qui se trouve souvent dans les livres des Juifs, & qui signifie le comm ncement de l’année. C’est pour eux un jour de fête. Leurs docteurs disputent dans le talmud sur le tems auquel le monde a commencé. Selon les uns ç’a été au printems dans le mois de Mian, qui répond à notre mois de Mars ; d’autres veulent que ce soit en automne dans le mois de Tisri, qui est notre mois de Septembre ; & c’est maintenant parmi eux l’opinion la plus reçue. Quoique l’année ecclésiastique commence chez eux au mois de Mian, conformément à ce qui est dit dans la loi, que ce mois sera pour eux le premier des mois ; cependant l’année ordinaire ou civile commence par le mois Tisri ou Septembre ; & c’est pendant les deux premiers jours de ce mois qu’on célebre le roshasçana d’abord par une cessation générale de tout travail, ensuite par des prieres, des aumônes, des confessions, & d’autres œuvres de pénitence.

Selon Leon de Modene, les Juifs tiennent par tradition, que pendant ces deux jours, Dieu juge de tout ce qui s’est passé l’année précédente, & regle les événemens de celle où l’on va entrer. C’est pourquoi ils emploient le premier de ces deux jours à expier le passé par des jeunes, des austérités, des disciplines & d’autres mortifications ; quelques-uns, sur-tout en-Allemagne, portent l’habit avec lequel ils veulent être enterrés. On s’assemble à la synagogue, où l’on fait de longues prieres, & sur-tout on lit à cinq personnes dans le Pentateuque, ce qui y est dit du sacrifice qu’on faisoit ce jour-là dans le temple ; enfin on fait la bénédiction pour le prince, & on sonne trente fois du cor, selon qu’il est marqué dans les nombres & dans le Lévitique pour intimider, dit-on, les pécheurs, & les porter au repentir en leur rappellant la mémoire du jugement de Dieu. Le reste du jour & le suivant se passent à entendre des sermons & à d’autres exercices de dévotion. Leon de Modene, part. III. c. v.