L’Encyclopédie/1re édition/RIPEN ou RYPPEN

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RIPEN ou RYPPEN, (Géog. mod.) ville de Danemark, dans le Jutland septentrional, près de la côte occidentale, & capitale du diocèse auquel elle donne son nom. Elle est située à 20 lieues au nord-ouest de Sleswick, & est mouillée par la riviere de Nipsaa, qui y cause souvent de grands dommages. Elle a pour sa défense un ancien château, mais elle est surtout fortifiée par la nature. Son église cathédrale est bâtie de pierres de taille. L’évêché de cette ville a pris son commencement vers l’an 860, & l’éveque jouissoit autrefois de la jurisdiction temporelle & spirituelle ; mais en 1536, le roi Christian III. ayant introduit la religion luthérienne en Danemark, réunit le domaine de l’évêché à la couronne. Le diocèse de Ripen qui est borné au midi par le duché de Slesweick, & au nord par le Wibourg, est composé de 13 bailliages.

La ville de Ripen est gouvernée par deux bourguemestres & par un sénat. Les prairies des environs de cette ville donnent un profit considérable aux habitans par la nourriture des bestiaux ; car c’est l’endroit où l’on assemble les bœufs de presque tout le Jutland. On les embarque ensuite sur des vaisseaux pour les transporter en divers pays, & principalement en Hollande. Long. 42. 8′. latit. 55. 19′.

Borrichius (Olaüs) l’un des plus savans personnages du nord, naquit à Ripen en 1626, & devint conseiller de la chancellerie royale en 1689. Il protégea les sciences de son crédit & de sa bourse. Il fonda à Copenhague une espece de college pour l’entretien de pauvres étudians, & donna pour cette fondation vingt-six milles rixdallers. Il mourut de la pierre en 1690. Ses ouvrages sur des matieres de médecine & de chimie sont toujours estimés ; & comme ce sont pour la plûpart des dissertations, on a recueilli les principales en 2 vol. in-4°.

Cragius (Nicolas) naquit à Ripen vers l’an 1549, & s’atracha à la littérature & aux négociations dans lesquelles il fut employé avec succès. Les administrateurs du royaume pendant la minorité de Christiern IV. le nommerent historiographe du roi avec six cens rixdallers d’appointement. Il composa les annales de Danemark depuis la mort de Fréderic I. jusqu’à l’an 1550. Cet ouvrage a demeuré enseveli jusqu’à l’année 1737, que M. Gramm l’a mis au jour à Coppenhague, in-folio ; mais le traité de la république de Lacédemone, de republicâ Lacedoemon. libri quatuor, est généralement estimé. Il parut d’abord à Genève en 1593, in 4°. & ensuite à Leyde en 1670 in-12. Gronovius l’a inséré dans son trésor d’antiquités grecques. Cragius mourut en 1602.

Je supprime les noms de quelques autres hommes de lettres moins illustres nés à Ripen ; mais je me rappelle que Mons étoit de cette ville, dont il devint bourguemestre. Mons est ce magistrat intrépide, qui eut le courage d’oser porter dans Coppenhague en 1523, à Christiern II. roi de Danemark, sa sentence de déposition prononcée par les états de Jutland. « Mon nom, dit-il au tyran, devroit être écrit sur la porte de tous les méchans princes. » Christiern détesté de tous ses sujets, abhorré de ses propres officiers, n’osant se fier à personne, reçut dans son palais, comme un criminel, cet arrêt singulier, qu’un seul homme désarmé lui signifioit. (Le chevalier de Jaucourt.)