L’Encyclopédie/1re édition/RHONE, le

◄  RHOMBUS

RHONE, le ou Rhosne, (Géog. mod.) en latin Rhodanus. Un des quatre principaux fleuves de la France, & dont le nom est purement gaulois.

Il a sa source dans la montagne de la Fourche ; qui est à l’extrémité orientale du pays de Vallais, & le sépare du canton d’Uri. Il coule d’abord dans un pays étroit parmi des rochers, & partage le pays de Vallais en long. Il passe par Sion, capitale du pays, & par S. Maurice ; après quoi, courant au nord-ouest, entre la Suisse & le reste du Vallais, il entre dans le lac de Geneve, qu’il traverse de toute sa longueur d’orient en occident, l’espace de douze lieues, en se mêlant avec les eaux de ce lac.

A quatre lieues au-dessous de Geneve, ce fleuve se perd, en tombant dans la fente d’une roche qui a un quart de lieue de long sur deux ou trois toises de large, dans les endroits les plus étroits, & sur vingt ou vingt-cinq toises de profondeur. Au lieu des eaux du Rhône, on voit sur cette fondriere un brouillard épais, formé par leur brisement contre le fond & les côtés de cette fente ; dans laquelle ce fleuve coule avec beaucoup de rapidité & de bruit.

Le lit du Rhône s’élargit ensuite après qu’il est sorti de ce goufre, au pont d’Arlou, en sorte qu’à Seissel, il est presque aussi large que la Seine l’est à Paris ; c’est ici où il commence à porter des bateaux.

Il reçoit diverses rivieres considérables, entr’autres, la Saône à Lyon ; l’Isere, la Sorgue, la Durance, & se jette dans la mer de Provence ou golfe de Lyon, à 10 lieues au midi d’Arles, par deux principales embouchures, l’une à l’ouest, & l’autre à l’est, & qui ne sont séparées que par une petite île appellée Bauduf.

Ainsi le Rhône mouille plusieurs pays dans son cours, savoir, Geneve, le fort de la Claie dit de Seissel dans le Bugey, Vienne dans le Viennois, Lyon dans le Lyonnois, Tournon en Vivarais, Montelimar dans le Valentinois, Montdragon en Provence, Avignon dans le comté Venaissin, Beaucaire dans le Languedoc, Tarascon dans la viguerie de ce nom, & Arles dans le diocèse d’Arles ; le poisson qu’il produit est très-estimé, & on recueille de l’excellent vin sur ses bords.

Les savans bénédictins du Languedoc semblent avoir voulu enlever entierement le Rhône à la Provence ; mais M. de Nicolaï a tâché de prouver par de grandes recherches, que la province du Languedoc, loin de posséder en propre la portion du fleuve qui coule entre elle & la Provence, n’en peut prétendre la propriété, qui, selon lui, doit appartenir exclusivement à la Provence. Ceux qui voudroient accorder le différend, le partageroient par moitié entre les deux provinces ; mais ce n’est pas ainsi qu’on décide des faits. (Le chev. de Jaucourt.)