L’Encyclopédie/1re édition/RHIPHÉES, Monts les

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RHIPHÉES, Monts les (Géogr. anc.) Rhipæi, ou Rhiphæi montes, montagnes de la Sarmatie. La premiere ortographe est suivie par les Grecs, & la seconde par les Latins. Il y en a qui confondent les monts Rhiphées avec les monts Hyperboréens. Virgile les distingue, Geor. l. III. v. 381.

Talis Hyperboreo septem subjecta Trioni
Gens effrena virûm Riphæo tunditur Euro.

Cellarius juge que l’on doit placer les monts Rhiphées dans la Russie, & les monts Hyperborées au-delà du cercle Arctique.

Il faut convenir que les anciens n’ont jamais connu les monts Rhiphées dont ils parloient tant, & derriere lesquels ils se figuroient le pays des Hyperboréens ; car les uns confondoient ces monts avec les Alpes, les autres les faisoient partie du mont Caucase, d’autres les croyoient près du Boristhène, d’autres à la source du Tanaïs, & quelques-uns comme Strabon, les traitoient de chimere.

Je ne sais pas si nous les connoissons beaucoup mieux ; d’un côté le P. Hardouin sur cet endroit de Pline, où il place les Hyperboréens, ponè Rhiphæos montes ultraque aquilonem, dit que les monts Rhiphées sont presque au centre de la Russie vers les sources du Tanaïs, entre le Volga & le Tanaïs même, ou le Don, comme on l’appelle aujourd’hui. D’un autre côté, si j’en crois quelques géographes, il n’y a point de montagnes à la source du Tanaïs. D’autres placent les monts Rhiphées vers l’Obi & dans la Sibérie, considérant qu’on n’en trouve point de remarquables dans le reste de la Russie. Enfin d’autres croient que les monts Rhiphées & les monts Hyperboréens étoient une chaine du mont Taurus, qui commence dans les extrémités méridionales de l’Asie mineure qu’il traverse, s’étend jusqu’aux extrémités de notre continent, en tirant vers le nord & le nord-est, en changeant souvent de nom, & prenant successivement ceux d’Imaüs, d’Emodus, de Paropamise, de Caucase, &c. La sauvage Russie nomme ces montagnes Wolitzi Camenypois, c’est-à-dire ceintures de pierres, parce qu’elle les regarde comme la zone pierreuse qui ceint l’univers. (Le Chevalier de Jaucourt.)