L’Encyclopédie/1re édition/RHEGIUM ou RHEGIUM JULIUM

◄  RHÉÉDIA
RHEGMA  ►

RHEGIUM ou RHEGIUM JULIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie chez les Brutiens, selon Strabon, l. VI. p. 258. & Ptolomée. Le premier dit que le roi Denys la rasa, que Denys le jeune la rétablit en partie, & l’appella Phoebia, & qu’Auguste en fit une colonie romaine ; Gabriel Barri dit d’après Josephe, l. I. c. vij. qu’on la nomma anciennement Aschenaz, & ajoute, d’après Denys d’Halycarnasse, qu’Antiochus donna à cette même ville les noms de Neptunia & de Posidonia. S. Paul aborda dans cette ville en allant à Rome l’an 61 de Jesus-Christ, Act. xxviij. 12, 14. S. Luc qui étoit dans sa compagnie n’ayant point parlé des miracles qu’on prétend que S. Paul fit en ce lieu, son silence suffit pour rendre de tels miracles suspects. Au reste le nom moderne de Rhegium Julium est Reggio en Calabre.

Cette ville a produit dans l’antiquité des hommes celebres ; Agatoclès tyran de Sicile, fils d’un potier de terre ; le poëte Ibicus, Hippias & Lycus, tous deux historiens.

Agatoclès devint par sa valeur général de l’armée de Syracuse, & par son ambition tyran de cette ville, & ensuite de toute la Sicile. Il mourut de poison en la troisieme année de la cxxij. olympiade, l’an 464 de Rome, étant alors âgé de 72 ans, dont-il en avoit regné 28. Plutarque rapporte qu’il se faisoit servir à table partie en vaisselle de terre, partie en vaisselle d’or, pour conserver la mémoire de sa naissance, & pour apprendre aux siens que les talens seuls peuvent élever à une haute fortune.

Le poëte Ibycus florissoit du tems de Crésus, environ 600 ans avant l’ere chrétienne. Il fut assassiné par des voleurs, & il leur prédit que des grues qui passoient par hasard vengeroient sa mort. Ce présage fut vérifié, car l’un d’eux, peu de tems après, appercevant une bande de grues, dit en plein marché à son camarade : « Vois-tu ces vengeresses d’Ibycus » ? Ce mot fut incontinent rapporté au magistrat ; on arrêta les deux brigands, on les mit en prison où ils confesserent leur crime, & en payerent la peine. Les poésies d’Ibycus étoient aussi licencieuses que ses mœurs, comme nous l’apprennent ces paroles de Cicéron : Maximè verò omnium flagrasse amore puerorum, Rhegium Ibycum apparet ex scriptis.

Hippias vivoit sous le regne de Darius & de Xerxès, 425 ans avant Jesus-Christ. C’est lui qui le premier a écrit l’histoire de Sicile : il avoit aussi fait des chroniques & les origines d’Italie.

Lycus, pere du poëte Lycophron, florissoit du tems de Ptolomée Lagus sous la cxv. olympiade, vers l’an 320 avant Jesus-Christ. Il est auteur d’une histoire de Lybie & de Sicile. (D. J.)