L’Encyclopédie/1re édition/REMY, Saint

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REMY, Saint- (Géograph. mod.) petite ville de France en Provence, au diocese d’Avignon, entre des étangs, à quatre lieues d’Arles. Il y a dans cette petite ville une coillégiale fondée l’an 1530, par le pape Jean XXII. Long. 22. 15. latit. 43. 40.

Le lieu de Saint-Remy paroît avoir été anciennement nommé Glanum, ville située dans la contrée des Saliens en Provence, & peu éloignée de la ville d’Arles. Il en est fait mention dans l’itinéraire d’Antonin, dans la table de Peutinger, dans Pomponius Méla, Pline & Ptolomée, qui entre les villes principales des Saliens, comptent celle de Glanum.

Ce fut l’an 501 qu’elle changea son nom en celui de Remy, à l’occasion d’un voyage que S. Remy, archevêque de Reims, fit en Provence, où il accompagna le roi Clovis, lorsque ce prince alla pour assiéger dans Avignon, Gondebaud, roi des Bourguignons. Le motif de ce voyage, & le changement du nom de Glanum en celui de Saint-Remy, est rapporté fort au long par Honoré Boucher, dans son histoire de Provence, que l’on peut consulter.

A un quart de lieue de Saint-Remy, on voit dans ce siecle même, au milieu de la plaine, un grand mausolée de pierre très-solide & très-élevé, avec toutes les proportions de l’architecture la plus réguliere. Ce monument avoit dans sa hauteur, suivant la mesure de Provence, huit cannes trois pans & demi ; chaque canne composée de huit pans, & chaque pan de neuf pouces & une ligne ; en sorte que suivant la réduction à notre maniere ordinaire, ce mausolée avoit huit toises trois piés un pouce dix lignes de hauteur ; & si l’on juge du diametre par la hauteur, on comprend de quelle solidité doit être ce monument que le tems n’a encore pû détruire.

Honoré Boucher, dans son histoire ; M. Spon dans une estampe qui est à la tête de ses recherches d’antiquité ; le P. Montfautcon, dans son antiquité expliquée, liv. V. en ont donné chacun le dessein. Mais M. de Mautour a donné ce même dessein beaucoup plus grand & plus exact, avec une explication de l’inscription qu’on trouvera dans l’histoire de l’académie des Belles-Lettres, tom. VII. in-4°.

On voit encore près de Saint-Remy, les restes d’un bel arc de triomphe, composé d’une seule arcade, mais sans aucune inscription. Il est gravé dans les antiquités du P. Montfaucon, tom. IV. du supplément, c. iv. p. 78. & M. de Mautour l’a fait aussi graver sur un dessein, dans le même tome des mémoires de Littérature, que nous venons de citer.

Les Nostradamus (Michel & Jean) tous deux freres, étoient de Saint-Remy. Michel, après avoir pris le bonnet de docteur en Médecine, & donné quelques traités sous des titres amusans, comme des fards, des confitures, de la cosmétique, imagina le métier de devin, & publia ses prophéties en quatrains. Il vivoit dans un siecle où l’on avoit l’imbécillité de croire à l’Astrologie judiciaire. Les prédictions de Nostradamus firent du bruit. Henri II. & la reine Catherine de Médicis, voulurent voir le prophete, le reçurent très-bien, & lui donnerent un présent de deux cens écus d’or. Sa réputation augmenta. Carles IX. en passant par Salon, se déclara son protecteur, & lui accorda un brevet de médecin ordinaire de sa personne. Nostradamus mourut dans cette ville, comblé d’honneurs, de visites & de folies, seize mois après en 1566, à 62 ans passés, ce qu’il n’avoit pas prédit. Son frere Jean est connu par les vies des anciens poëtes provençaux, dits troubadours, imprimés à Lyon en 1575, in-8°. (D. J.)