L’Encyclopédie/1re édition/RASER

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RASER, v. act. (Gramm.) c’est abattre une chose au ras d’une autre. Raser la barbe, c’est la couper au ras du visage ; une maison, c’est l’abattre à ras de terre. Raser signifie aussi toucher légerement. Cette balle a rasé la corde. Voyez les articles suivans.

Raser, (Critique sacrée.) La loi portoit que les lévites pour exercer leurs fonctions fussent purifiés, & eussent tout le poil du corps rasé. Nomb. viij. 7. Les lépreux, au septieme jour de leur purification, devoient en faire autant. Lév. xiv. 9. Dans les grandes calamités, tout le peuple ne devoit paroître que rasé. Is. xv. 2. Les prêtres seuls étoient exceptés de la loi. Lév. xxj. 5. Quelquefois cependant on laissoit croître sa barbe pour marquer le deuil, ou la part qu’on prenoit aux malheurs d’un ami. Raser toute la barbe & tous les cheveux de quelqu’un, ou la moitié de l’un & de l’autre, c’étoit chez les Juifs une très grande insulte. II. Rois, x. 4. Ainsi raser tous les poils est une expression figurée qui veut dire outrager, maltraiter avec la derniere rigueur ; c’est pourquoi quand Isaïe, vij. 20, déclare que l’Eternel empruntera un rasoir pour raser le poil du corps de son peuple, ces paroles signifient que Dieu se servira pour punir son peuple du glaive des Assyriens. Raser la poussiere d’une ville, dans le langage du même prophete, ch. xij. v. 25, c’est ruiner une ville de fond en comble. (D. J.)

Raser la maison, (Hist. anc. & mod.) c’étoit chez les Romains une des peines de celui qui aspiroit à la tyrannie. Valere Maxime, liv. VI. ch. iij. rapporte que Sp. Cassius convaincu d’avoir tenté de se rendre maître de la république, fut condamné par le sénat & par le peuple à la mort, dont trois consulats & un magnifique triomphe ne purent le garantir. Le peuple n’étant point encore satisfait, on abattit sa maison pour augmenter son supplice, par la destruction de ses dieux domestiques : Ut penatium quoque strage puniretur.

On sévit aujourd’hui de la même maniere contre les coupables de lése-majesté ; & l’assassinat du roi de Portugal vient d’être suivi du bannissement de l’ordre entier des Jésuites hors de ce royaume, & de la démolition de toutes leurs maisons.

Raser, (Marine.) c’est ôter à un vaisseau ce qu’il a d’œuvres mortes sur les hauts.

Raser, terme de Maréchal. Ce mot se dit en parlant des coins ou dents du cheval. Un cheval qui rase ou qui a rasé, est un cheval qui n’a plus les coins creux, c’est-à-dire dont la dent est rase & unie : ce qui arrive environ à la huitieme année du cheval. Ecole du manege. (D. J.)

Raser, en terme de Layettier, c’est mettre l’extrémité des planches de niveau entr’elles.

Raser, terme de Chasse. Ce mot se dit du gibier qui se tapit contre terre pour se cacher. La perdrix se rase quand elle apperçoit des oiseaux de proie.

Raser l’air, terme de Fauconnerie. Il se dit de l’oiseau lorsqu’il vole sans remuer presque les aîles, & sans daguer.